Anorgasmie : quand l'orgasme se refuse

Plusieurs causes peuvent entraîner une anorgasmie, une impossibilité à atteindre l'orgasme. Une difficulté répétée ou durable qui est provoquée par de nombreuses causes. En comprendre l'origine est le premier pas vers l'orgasme.

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Anorgasmie : quand l'orgasme se refuse

L'orgasme est une sensation de plaisir extrême, qui survient grâce à des stimulations adaptées et suffisamment intenses. Lorsque l'on souffre d'anorgasmie, on peut ressentir beaucoup de plaisir mais se sentir "bloqué(e)" à partir d'un certain moment : les sensations n'augmentent plus et l'orgasme ne se produit pas. Parfois, on sent qu'il est tout près mais il reste impossible de l'atteindre, ce qui est particulièrement frustrant, pour soi et pour le/la partenaire qui peut se poser des questions ou culpabiliser...

Dans une société très sexualisée, où les médias relaient régulièrement des articles sur l'orgasme, ne pas réussir à jouir peut être très difficile à vivre (ce qui n'est pas toujours le cas, lorsque le plaisir est présent et jugé suffisant, et que la sexualité est satisfaisante). Il est alors recommandé d'en parler à son généraliste, son gynécologue ou un sexologue.

Comprendre l'orgasme et l'anorgasmie...

Mieux connaître les mécanismes de l'orgasme est nécessaire pour se réconcilier avec lui. Il survient lorsque l'excitation sexuelle dépasse un certain seuil : c'est alors un réflexe qui produit un plaisir très intense, et qui s'accompagne de contractions de l'utérus et du clitoris chez les femmes, souvent de l'éjaculation chez les hommes, des contractions du périnée et de l'anus dans les deux sexes. Le dépassement du seuil d'excitation s'obtient en faisant appel à des stimulations intellectuelles grâce aux fantasmes et à l'imaginaire érotique, et à des stimulations physiques suffisamment fortes et adaptées. Etre capable de totalement s'abandonner à ses sensations et au plaisir est indispensable pour accéder à l'orgasme.

L'anorgasmie peut survenir dès début de la vie sexuelle, elle est alors dite primaire. Elle peut aussi apparaître après une période où les orgasmes étaient possibles, et est alors secondaire à une cause, physique ou psychologique, qu'il convient de rechercher. Il arrive qu'elle ne concerne que certaines situations : par exemple, l'orgasme est atteint par la masturbation mais pas avec un/une partenaire. Autre situation fréquente : de nombreuses femmes ont besoin de stimulations du clitoris et n'arrivent pas à jouir avec une pénétration seule, ce qui les inquiète souvent, étant persuadées, à tort, que ce n'est pas normal. A l'inverse, d'autres plus rares, ne jouissent que lors de la pénétration.

Enfin, l'anorgasmie peut s'accompagner d'une absence d'éjaculation ou pas, chez les hommes, ou d'un autre trouble sexuel dans les deux sexes. Avant de chercher l'origine du trouble, il faut toujours vérifier que l'excitation sexuelle et la lubrification pour une femme sont suffisantes, tout comme le désir.

Des causes physiques et/ou psychologiques

Définir précisément le type d'anorgasmie est important pour mieux cibler les mécanismes en jeu. Lorsqu'elle est primaire, elle est très souvent liée à une éducation répressive et religieuse, culpabilisant le plaisir. Elle peut aussi être provoquée par une absence d'apprentissage, autrement dit l'adolescent(e) n'a pas appris à s'initier au plaisir. Lorsqu'elle est très ponctuelle, après une période où l'orgasme était présent, elle s'explique souvent par le stress ou l'angoisse, les préoccupations. Elle peut être liée au sentiment d'une obligation de jouir à chaque fois, qu'elle soit personnelle ou imposée par le/la partenaire : cette injonction est très anxiogène et elle se glisse entre l'orgasme et soi... Un conflit avec le/la partenaire, la peur d'une grossesse ou d'une infection sexuellement transmissible sont aussi des causes d'anorgasmie.

C'est parfois une incapacité à lâcher-prise qui freine l'accès à la jouissance, le besoin d'être dans le contrôle étant difficilement compatible avec l'abandon total qu'est l'orgasme. Cela peut s'expliquer par le stress, l'angoisse, la pression de la performance, les préoccupations, les complexes, une difficulté dans la relation, le souvenir d'une infidélité, les douleurs, un abus sexuel, etc. La personne garde le contrôle sur son corps et son esprit, ce qui entrave l'orgasme. Les difficultés à s'abandonner peuvent être liées à des questions logistiques comme la crainte d'être surprise par les enfants ou la peur de faire du bruit et d'être entendue par les voisins.

Des maladies sont parfois en cause, comme le diabète, la sclérose en plaques, un traumatisme de la moelle épinière, une chirurgie au niveau du bassin, etc. Certains médicaments ralentissent aussi l'accès à l'orgasme, comme certains antidépresseurs, certains alpha-bloquants.

A suivre la semaine prochaine : Anorgasmie : se réconcilier avec le plaisir ?