L'orgasme féminin, un reliquat de l'évolution ?

Depuis longtemps, la science peine à élucider le rôle de l'orgasme chez la femme. Si l'on en croit des chercheurs étasuniens, il aurait facilité la reproduction dans des temps ancestraux, en déclenchant l'ovulation. Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
L'orgasme féminin, un reliquat de l'évolution ?

Chez l'homme, l'orgasme est dans la très grande majorité des cas associé à l'éjaculation. Son rôle est ainsi évident : favoriser le transfert du sperme et donc des spermatozoïdes dans le corps féminin. En revanche, chez la femme, l'orgasme semble être dédié exclusivement au plaisir. Une explication qui comble la majorité des femmes, mais pas la curiosité de certains chercheurs, qui se sont escrimés en vain à lui trouver une explication !

Mihaela Pavlicev et son équipe auraient-ils enfin décroché le Graal ? Ils estiment que dans de lointains temps, l'orgasme aurait pu jouer un rôle dans le déclenchement de l'ovulation. Les évolutions inhérentes à l'adaptation auraient limité son rôle au plaisir.

A l'origine de l'orgasme…

Les chercheurs américains ont souhaité comprendre l'origine évolutive de l'orgasme, en d'autres termes, à quoi pouvait ressembler "l'orgasme" il y a 65 millions d'années. Ils ont donc cherché à quelle espèce animale comparer l'ancêtre de l'homme.

Ensuite, ils ont fondé leurs recherches sur cette thèse : il existe deux types d'ovulation chez les mammifères, l'ovulation spontanée, comme celle de la femme à l'heure actuelle, et l'ovulation induite, chez les chattes ou les lapines, par exemple. Dans ce dernier-cas, la chatte au moment de la copulation sécrète une décharge d'hormones au rôle très précis : envoyer aux ovaires l'ordre de libérer les ovules. Et par conséquent favoriser la reproduction… Les chercheurs précisent que l'ovulation induite a précédé l'ovulation spontanée chez les mammifères.

Or, sur le plan physiologique, cette décharge est assimilable à ce qui se passe au cours de l'orgasme féminin, qui aboutit à la production de prolactine et d'ocytocine, entre autres hormones. Les ancêtres de la femme auraient donc eu une ovulation induite, avant que l'évolution ne la transforme en ovulation spontanée.

Par conséquent, les chercheurs suggèrent que l'orgasme humain est ce qu'il reste du réflexe hormonal associé à la copulation. Ce réflexe est ensuite devenu inutile avec la transformation de l'ovulation induite en ovulation spontanée chez les femmes.

Bien sûr, cette décharge d'hormones aurait subi d'énormes changements depuis… et les chercheurs reconnaissent que l'orgasme actuel a peu d'éléments communs avec ce qui se passait il y a 65 millions d'années. Leur travail repose sur une seule recherche anatomique et physiologique, ce qui constitue une limite de taille. Mais leur piste offre une explication intéressante à un fait prouvé : si les femmes ne jouissent pas à chaque rapport, c'est tout simplement qu'elles n'en ont pas besoin pour se reproduire…

Etude source : The Evolutionary Origin of Female Orgasm. Pavlicev, Wagner. Jour of Exp Zoo. 31/07/2016. doi: 10.1002/jez.b.2269

Une explication au rôle du clitoris dans l'orgasme féminin

Les chercheurs avancent une autre "preuve" pour étayer leur conclusion : la corrélation entre le mode d'ovulation et un clitoris proche du canal copulatoire (équivalent du vagin). Ils ont comparé l'anatomie des animaux à ovulation induite à celle de ceux à ovulation spontanée.

Les premiers ont un clitoris interne, ou rapproché du canal copulatoire, qui jouerait donc un rôle dans l'initiation de la grossesse (sa stimulation favoriserait la libération des hormones induisant la libération des ovules). Les seconds voient leur clitoris plus éloigné du vagin.

S'il a perdu son rôle dans l'induction de l'ovulation, le clitoris n'en demeure pas moins le "passage obligé" pour l'orgasme chez de nombreuses femmes : elles nécessitent très souvent une stimulation clitoridienne pour jouir, en plus de la pénétration. Elles garderaient ainsi une trace de leur passé : leur clitoris continuerait à jouer un rôle essentiel dans la décharge des hormones du plaisir…