Le coming out, une étape intime et libératrice

Le coming out est le le fait d'afficher publiquement son orientation sexuelle. Une étape importante pour les personnes homo, bi ou transsexuelles. Comment la traverser plus sereinement ?

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Le coming out, une étape intime et libératrice

Célébrités ouvertement homosexuelles, médiatisation de la communauté LGBT, films ou dessins animés évoquant le sujet... Aujourd'hui, la question du coming out pourrait paraître secondaire. Or afficher son homosexualité reste encore pour beaucoup très compliqué.

"Nos groupes de parole sont de plus en plus fréquentés, constate Antony Debard, représentant de l'association nationale Contact. Pour les familles, c'est difficile parce que l'on n'envisage pas qu'un proche soit LGBTQIA+ (Lesbiennes, gays, Bi, Trans, queer, intersex, asexuel), ou parce que l'annonce n'est pas anodine dans une famille, même quand cela se passe bien. Il y a toujours des stéréotypes, des angoisses, et s'il n'y a pas forcément de rupture, il y a parfois une communication difficile."

Pourquoi faire son coming out ?

Le coming out est une étape très personnel ; la décision de s'y engager n'appartient qu'à la personne concernée.

Selon de nombreuses études, les risques de souffrir d'anxiété, de dépression et de suicide sont plus élevés[1] chez les personnes LGBT. 

"A un moment donné, ne pas faire son coming out implique de mentir ou de ne pas tout dire, de ne pas pouvoir être qui on est vraiment avec ses proches, explicite Antony Debard. Certains le vivent bien mais d'autres non : notre orientation sexuelle ne nous définit pas mais elle fait partie de nous. La cacher entraîne des difficultés, un isolement, une perte d'estime de soi et parfois un suicide." 

Durant le coming out, ces risques peuvent être temporairement exacerbés chez certains mais la révélation laisse place à davantage de bien-être d'après des études[2].

"Le coming out est libérateur parce qu'il permet d'avancer dans sa tête, de débloquer une authenticité dans sa relation avec ses proches, précise Paul Parent, auteur de J'ose mon coming out", aux éditions La Musardine. J'ai essayé d'encourager les lecteurs à le faire car trop de gens se disent que ce n'est pas la peine, que cela va faire du tort, ou pire encore que leurs proches ont déjà compris. Moi, je dis les bienfaits des mots..."

"Il peut y avoir une exclusion ou de la violence parfois... mais ce n'est pas ce que l'on vit au quotidien à l'association, rassure Antony Debard. Une fois le coming out fait, on a plus d'assurance et d'estime de soi et les insultes touchent moins". 

Comment faire son coming out ?

Paul Parant et Antony Debard s'accordent sur le fait que le coming out ne doit pas se faire dans de mauvaises conditions, mettant en danger la sécurité psychologique ou physique, l'emploi, ou encore le fait d'avoir un toit. 

"Il ne faut pas forcément le faire tout de suite, surtout si une réaction négative peut mettre en difficulté, conseille Paul Parant. il faut anticiper, préparer son argumentaire et aussi une solution de secours comme dormir chez un ami si on est jeune. Vivre des choses positives par rapport à sa propre homosexualité avant le coming out est sans doute mieux car il faut se sentir sûr de soi pour dire les choses avec assurance."

Trouver le bon moment, pour soi mais aussi pour les autres quand ils sont disponibles, est un autre prérequis.  "C'est important de trouver les bons mots et d'éviter les reproches, ajoute Paul Parant. Le second objectif de mon livre est de donner de l'espoir, de dire que l'acceptation n'est pas un échec si le jour où l'on fait son coming-out, on n'a pas la réaction espérée."

Choc, colère, crainte, acceptation... Les proches peuvent passer par toutes les étapes par lesquelles la personne est elle-même passée. 

"Il faut rester ferme en disant même 'si tu n'acceptes pas aujourd'hui, je ne te laisse pas le choix car c'est mon identité mais je te laisse le temps dont tu as besoin', reprend Paul Parant. Il faut accompagner vers l'acceptation."

Partager les expériences d'autres personnes sur les forums ou directement grâce aux associations, est souvent d'une grande aide. 

L'association Contact apporte ainsi un espace de dialogue et de réconfort, avec sa ligne d'écoute au 0 805 69 64 64 et ses groupes de parole. 

"Nous sommes là pour que tous, LGBT, parents, entourage, puissent mieux se comprendre les uns les autres, analyse Antony Debard. Dans ces groupes de parole ouverts à tous, les LGBT racontent leur difficulté à s'assumer  et les parents peuvent mieux les comprendre, réaliser que ce n'est pas un choix, que s'assumer et être reconnu comme tel, c'est aussi être reconnu à part entière. D'un autre côté, les LGBT comprennent mieux les difficultés des parents à imaginer une nouvelle vie pour leur enfant, à imaginer non plus une vie hétéro mais une vie homo, bi ou trans. Nous sommes là pour mettre du lien et nous proposons aussi des entretiens individuels avec des bénévoles et des psys."

[1] Sexual orientation and mental health: A review. November 2009. Revue d Épidémiologie et de Santé Publique 57(6):437-50. DOI: 10.1016/j.respe.2009.10.001

[2] The stress associated with the coming out process in the young adult population Charbonnier. 2016. Journal of Gay & Lesbian Mental Health