Les maux du clitoris

Le clitoris n'est pas toujours l'organe du plaisir ! Il est parfois la proie d'irritations, d'infections, de douleurs, d'un manque ou d'un excès de sensibilité. 

Dr Charlotte Tourmente
Dr Charlotte Tourmente
Rédigé le , mis à jour le
Les maux du clitoris

Microfissures, mycoses et compagnie

  • Les irritations

La muqueuse de la vulve est particulièrement sensible chez certaines femmes. Le clitoris ne fait pas exception et il est parfois irrité par le port d'un pantalon trop serré, une toilette intime excessive, la pratique intense du vélo, l'utilisation intensive de sextoys, la barbe d'un partenaire fan du cunnilingus ou encore un piercing. L'application de crèmes apaisantes, en vente libre en pharmacie, peut aider, après un bain de siège avec un produit doux et adapté (Hydralin ou Saforelle par exemple). Elle doit être accompagnée de l'arrêt du facteur déclenchant ou d'une pause dans les pratiques irritantes, et d'une toilette intime tout en douceur !

  • Les infections du clitoris

Une mycose de la vulve peut se propager au niveau du clitoris. Les démangeaisons sont fréquentes, la muqueuse du clitoris et des lèvres peut rougir et si le champignon touche également le vagin, des pertes anormales surviennent. Une mycose se traite habituellement par l'application de crème antifongique au niveau de la vulve et d'ovule(s) en cas d'atteinte du vagin. Attention, il faut être certaine du diagnostic avant de traiter, un avis médical et un prélèvement sont souvent nécessaires pour ne pas imposer un traitement agressif pour cet endroit très fragile.

L'herpès génital, caractéristique avec ses vésicules est réputé pour ses douleurs intenses et souvent accompagné d'une grande fatigue. La mise en route rapide d'un traitement antiviral, à base de l'aciclovir ou la valacilovir par crème ou par comprimés lors de la première crise et lors des rechutes. Les rapports sont à éviter durant les poussées car l'herpès est très contagieux (si ce n'est pas le cas, l'utilisation du préservatif est vivement recommandée).

Les infections peuvent laisser le clitoris plus réactif durant quelques temps ; il doit alors être traité avec une grande douceur, grâce à l'application d'une crème apaisante.

  • Les fissures

Les microfissures sont de petites lésions au niveau de la vulve. Elles touchent principalement la fourchette, la zone en V sous l'orifice du vagin, mais elles peuvent concerner le clitoris en cas de caresses brutales, de coups d'ongle ou de rasoir en cas de maladresse lors du rasage intégral. Le temps est un allié pour la cicatrisation et l'application d'un antiseptique doux puis d'une crème cicatrisante comme Bépanthen® est nécessaire. Lors des rapports (à éviter durant la période aigue car ils peuvent accentuer la douleur), le lubrifiant doit être utilisé sur la vulve car la sécheresse favorise l'accentuation des fissures et le frottement contre le corps du/de la partenaire aussi.

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  • Les maladies dermatologiques

Des maladies dermatologiques peuvent s'étendre également au clitoris, comme le lichen scléro-atrophique, qui se caractérise par un blanchiment et un amincissement de la peau ainsi que des démangeaisons ou des brûlures  fissures à la jonction entre les petites et les grandes lèvres. Il peut s'étendre aussi au clitoris et nécessite un traitement adapté, à base de corticoïdes sous forme de crème à appliquer durant 3 mois et parfois en entretien 2 fois par semaine (la maladie évoluant fréquemment sur un mode chronique).

Clitoris trop réactif, insensible ou douloureux

  • Des sensations trop intenses

Certaines femmes ont une vulve sensible, qui réagit facilement à la moindre stimulation sexuelle. Souvent, leur libido est élevée, leur vie sexuelle épanouie et cette sensibilité plus intense n'est pas vécue comme un problème.

En revanche, le syndrome d'excitation génitale permanent, régulièrement relayé par les médias, est un calvaire, avec ses sensations trop intenses au niveau du clitoris et du vagin. Elles surviennent en l'absence de désir sexuel, sans être souhaitées par la femme qui les subit et elles ne sont pas apaisées par l'orgasme, plusieurs par jour ou par heure. La maladie est donc très éprouvante à vivre et elle reste mal comprise et mal connue, laissant les patientes souvent en errance diagnostique mais certains médicaments peuvent soulager (prégabaline, ropinirole, clonazépam ou dérivé de l'opium).

  • Des douleurs clitoridiennes

Si la douleur survient au moment des caresses d'un(e) partenaire (et sans être accompagnée d'autres signes évoquant une infection ou maladie dermatologique), elle peut s'expliquer par une masturbation inadaptée et trop intense. C'est alors le signal qu'il faut les arrêter ; il convient de montrer au ou à la partenaire comment caresser le clitoris. De même, l'utilisation inadaptée et/ou intensive d'un sextoy vibrant sur un clitoris sec peut être douloureuse ; un lubrifiant et une utilisation plus modérée sont nécessaires. Une sécheresse de la vulve peut également rendre les caresses douloureuses ; l'excitation n'est probablement pas encore assez élevée et elle est augmentée en faisant appel à des fantasmes et compensée par un lubrifiant. Si la sécheresse vaginale et vulvaire est chronique, par exemple dans le cas de la ménopause, l'apport d'estrogènes localement et/ou un traitement hormonal est indiqué.

Le clitoris est parfois la proie de grandes douleurs, notamment dans le cas d'une névralgie pudendale. Le plaisir est alors totalement éclipsé par les sensations de brûlures, d'élancement ou d'engourdissement, qui sont parfois intolérables. La prise en charge consiste en des médicaments actifs sur cette douleur chronique d'origine neurologique (certains antiépileptiques et antidépresseurs), la pratique de l'hypnose, l'électrostimulation (TENS), ou encore des infiltrations et une chirurgie, pour décomprimer le nerf dans le syndrome d'Alcock.

  • Quand la sensibilité débloque

A l'inverse de ces sensations exacerbées, le clitoris est parfois insensible ou très peu sensible. Il faudra alors déterminer si cette insensibilité existe depuis toujours ou si elle est survenue après une période où la sensibilité était normale.

Si le clitoris a toujours été insensible aux caresses ou au cunnilingus, cela s'explique par l'absence d'apprentissage de la sexualité. L'adolescence est en effet une période d'éveil sensuel, où l'on apprend à connaître son corps, à savoir comment s'exciter, se caresser et à avoir un orgasme. L'insensibilité s'accompagne alors d'une anorgasmie (absence d'orgasme). Certaines raisons expliquent ce blocage, le plus souvent à cause d'une éducation rigide, fondée sur les interdits, l'assimilation du plaisir et de la sexualité au péché. La culpabilité est souvent très présente et bloque littéralement l'esprit et le corps... Un traumatisme sexuel, une agression sont parfois responsables de ce blocage. Rien n'est perdu pour autant si la femme est motivée pour s'initier à la découverte de son corps, de l'excitation et du plaisir, seule ou avec un/e partenaire compréhensif qui partagera avec confiance sa sensualité (une thérapie pour prendre du recul sur l'éducation ou la religion, ou pour surmonter un traumatisme est souvent incontournable).

Si le clitoris est devenu moins sensible après une période normale, cela peut s'expliquer par un célibat prolongé sans masturbation, une cause psychologique telle qu'une dépression, à un accouchement traumatisant, à un blocage ponctuel lié à un problème conjugal ou professionnel (le corps exprime alors ce que l'esprit ne parvient pas à gérer) mais aussi par différentes affections comme un trouble hormonal (carence en estrogènes), une maladie cardio-vasculaire, un diabète ou une sclérose en plaques, ces deux dernières maladies pouvant affecter la vascularisation ou l'innervation du clitoris. Le traitement passe évidemment par l'identification de la cause et son traitement. Lorsqu'une guérison n'est pas possible, il ne faut pas hésiter à augmenter les stimulations, par exemple par le biais des sextoys dont les vibrations sont plus intenses que les caresses manuelles.

Dans tous les cas, il est très important d'en parler avec son généraliste ou un médecin sexologue, afin de bénéficier d'une prise en charge et de retrouver les plaisirs de la sexualité.