Violences faites aux femmes : un nouveau diplôme pour mieux former les soignants

C’est une formation unique en France. A Grenoble, un diplôme universitaire, destiné aux soignants, propose une formation spécialisée dans la prise en charge des femmes victimes de violence.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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En France, 3 à 4 femmes sur 10 présentes dans les salles d’attente des médecins seraient victimes de violences conjugales. C’est ce qui a poussé des gynécologues, des médecins urgentistes, des sages-femmes déjà en exercice à retourner sur les bancs de l’université pour se former.  

“On avait vraiment ressenti ce manque au niveau des soignants. Ces consultations où quelque chose échappe, où on a l’impression d’avoir raté une rencontre, où on a l’impression de ne pas avoir aidé. Il serait terrible d’être des soignants, d’avoir devant nos yeux un corps qui parle et de ne pas dépister. Et effectivement, c’est dans ce cadre-là que j’ai foncé pour créer ce diplôme", explique le Pr Pascale Hoffmann-Cucuz, gynécologue-obstétricienne et coordinatrice du DIU/Grenoble Alpes-Paris Descartes.

Détecter et prendre en charge 

Créé il y a 3 ans, ce diplôme universitaire est aussi là pour pallier un manque. Dans la formation initiale des professionnels de santé, la question des violences faites aux femmes n’est pas ou très peu abordée. L’objectif du diplôme est donc d’apprendre à détecter les violences mais aussi de pouvoir les prendre en charge.  

L’enseignement est pluridisciplinaire : il aborde les questions médicales, mais aussi juridiques et éthiques. Pour les soignants, mieux comprendre les violences faites aux femmes, c’est aussi accepter de se questionner sur sa propre pratique. 

Un sujet de moins en moins tabou 

Selon le Pr Pascale Hoffmann-Cucuz, “quand on ne repère pas les séquelles dans le corps d’un traumatisme, n’importe quel examen, même un interrogatoire, peut rajouter de la violence et retraumatiser. Donc être au courant de la situation et des conséquences de la situation vécue par la personne va changer notre prise en charge.” 

Longtemps taboue, la question des violences faites aux femmes est aujourd’hui un sujet médiatisé. Pour les professionnels de santé aussi les choses évoluent. Il y a un an, pour la première fois, la Haute Autorité de Santé a émis des recommandations à destination des soignants.