Féminicides : les associations sceptiques devant les annonces du gouvernement

Emmanuel Macron, Marlène Schiappa et Nicole Belloubet ont annoncé des mesures de protections renforcées face à l'augmentation du nombre de décès de femmes sous les coups de leur compagnon ou de leur ex. Sans convaincre toutes les associations qui dénoncent ces violences depuis des années. 

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Ce samedi 6 juillet, un rassemblement a eu lieu place de la République à Paris à l’initiative des familles des victimes de féminicides. La comédienne Muriel Robin en tête du rassemblement a appelé à faire du bruit pendant 74 secondes en hommage aux 74 femmes mortes en France depuis le début de l’année sous les coups de leur compagnon ou de leur ex... Un terrible décompte qui s'est depuis élevé à 75... 

"La République n'a pas su vous protéger"

Muriel Robin a aussi appelé Emmanuel Macron à prendre la mesure du problème et à réagir. Et le soir-même, le président de la République, s’est exprimé sur Facebook. Il a publié un message directement adressé aux victimes où il commence par la liste leurs prénoms poursuit : "la République n’a pas su vous protéger… La violence qui vous a coûté la vie nous écœure, nous révolte. La République française se doit de protéger toutes celles dont la vie est aujourd’hui en danger".  

Cette déclaration suivait celles de deux membres de son gouvernement, Nicole Belloubet et Marlène Schiappa. Sur BFMtv la ministre de la justice Nicole Belloubet a justement reconnu des défaillances dans les dispositifs de protection et promis des investigations "sur des dossiers classés des années 2015, 2016, 2017 pour voir là où on aurait dû mieux faire"

Renforcer les mesures de protections

Elle a également annoncé l'amélioration du recours au dispositif « téléphone grave danger ». Il s’agit d’un téléphone portable disposant d’une touche dédiée, permettant à la victime d'être géolocalisée et de joindre, en cas de grave danger, un service de téléassistance accessible 7j/7 et 24h/24. Ce service est relié par un canal dédié aux services de la police nationale et aux unités de la gendarmerie nationale pour pouvoir demander immédiatement leur intervention.   

La ministre s'est aussi engagée à multiplier les ordonnances de protection et à étendre l’usage du bracelet électronique anti-rapprochement, qui permet à la femme menacée de savoir quand le conjoint se rapproche d’elle. 

La garde des Sceaux a également cité en exemple l'Espagne, qui délivre chaque année "10.000 ordonnances de protection" contre 3000 en France. 

"Grenelle contre les violences conjugales"

Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les hommes et les femmes, s’est ainsi exprimée dans le Journal du Dimanche.  Elle y a annoncé la tenue d’un « Grenelle contre les violences conjugales » qui s’ouvrira début septembre. L’idée est de réunir autour d’une même table tous les acteurs concernés : les ministres, les associations, les familles de victimes…  Marlène Schiappa souhaite une mobilisation nationale pour interpeller toute la société sur ce sujet.  

Une réponse trop tardive pour le collectif #NousToutes qui exprime sa colère dans un communiqué intitulé "Monsieur le président, les violences ne prennent pas de vacances" : "Le gouvernement annonce une réunion dans deux mois et des résultats dans cinq (après l'adoption du budget de l'Etat). Le décalage entre la mobilisation inédite de la société contre les féminicides et les réponses apportées est flagrant. [...] Nous n'avons pas le temps d'attendre."

 

La lutte contre les violences faites aux femmes est déjà une priorité du gouvernement depuis le début du quinquennat. On estime que 220 000 femmes sont victimes de violences conjugales en France.