Urgences : les médecins libéraux opposés au "numéro santé unique"

Les syndicats des médecins libéraux dénoncent un plan urgences trop centré sur l’hôpital qui ne s’appuie pas assez sur la médecine de ville. La mesure phare de ce plan, le numéro santé unique 113, ne serait qu’un dupliqua du 15 déjà existant.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Urgences : les médecins libéraux opposés au "numéro santé unique"

Non, le 113 n’est pas la solution. C’est l’avis des médecins libéraux dont les syndicats ont dénoncé le 12 novembre un plan urgences "exclusivement centré sur l'hôpital". Le numéro santé unique 113, envisagé dans le cadre du futur "service d'accès aux soins" (SAS) promis pour l'été 2020 par le gouvernement ne satisfait pas ces syndicats.

La ministre de la Santé Agnès Buzyn avait organisé le 8 novembre à son ministère une réunion sur le "pacte de refondation des urgences" présenté en septembre en réponse à la grève inédite démarrée mi-mars. Mais les "pistes" alors présentées "confirment malheureusement les craintes des médecins libéraux", écrivent la CSMF, MG France, la FMF et le SML dans un communiqué commun.

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113 ou 15, même combat

Mesure phare du plan, avec un coût estimé à 340 millions d'euros sur un total de 750, le service d'accès aux soins vise à désengorger les urgences en orientant les patients suivant leurs besoins, en ligne ou par téléphone, 24 heures sur 24. Objet d'un groupe de travail depuis début octobre, ce SAS "serait peut-être placé sous un numéro santé unique, le 113", rapportent les syndicats.

"Ce numéro n'est en fait que le 15 (le numéro d'appel au Samu, un service hospitalier, ndlr) sous un nouvel habillage", estiment-ils, déplorant une "occasion ratée de s'appuyer sur la médecine de ville" c’est-à-dire hors hôpital.

Mieux vaudrait, selon eux, généraliser le 116 117, ce numéro déjà expérimenté dans certaines régions pour trouver un médecin libéral de garde la nuit, le week-end et les jours fériés, afin de "créer une filière spécifique aux soins de ville, distincte des urgences médicales".

Menace d’une grève des gardes

Les syndicats réclament en outre "une valorisation de la prise en charge" des soins non programmés en ville, une régulation gérée par des organisations libérales et un alignement des horaires des gardes des libéraux sur celles des hospitaliers. Si au contraire la piste d'un service d’accès aux soins "sous l'égide de l'hôpital" était retenue, "les syndicats de médecins libéraux n'auraient plus d'autre possibilité pour se faire entendre que de s'engager résolument dans une grève des gardes", préviennent-ils.

"Rien n'est clos, rien n'est fermé", a assuré de son côté le ministère de la Santé à l'AFP, rappelant que le groupe de travail doit remettre ses propositions d'ici à décembre pour permettre un service d’accès aux soins opérationnel cet été et que "chacun" y trouve "une place".

Selon le collectif Inter-Urgences, 268 services étaient toujours en grève le 11 novembre 2019 et une mobilisation nationale est prévue ce jeudi 14 novembre.