Bientôt une bactérie pour traiter le diabète ?

Des chercheurs américains ont mis au point un probiotique capable de faire baisser le taux de glucose dans le sang, en augmentant la sécrétion d'insuline. Une méthode simple, qui pourrait devenir un espoir dans la lutte contre les diabètes de type 1 et 2.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Bientôt une bactérie pour traiter le diabète ?

Ingérer des bactéries pourra-t-il un jour aider à traiter le diabète ? Une équipe de chercheurs de l'université américaine Cornell a modifié une bactérie lactobacille, naturellement présente dans la flore intestinale, pour lui faire sécréter du glucagon. Cette hormone, à l'action inverse de l'insuline, permet de réguler le taux de glucose dans le sang et de l'augmenter lorsqu'il est trop bas. Pendant 90 jours, des rats diabétiques ont ingéré quotidiennement ces bactéries modifiées. Résultat : leur glycémie a chuté de 30%.

Les scientifiques ont observé, qu'au contact du probiotique, les cellules de l'intestin se sont mises à réagir comme les cellules du pancréas, et à produire spontanément de l'insuline ! "Le centre de contrôle de l'insuline s'est déplacé du pancréas à l'intestin supérieur", explique John March, l'un des auteurs de l'étude publiée le 27 janvier 2015, dans la revue Diabetes. Grâce à cette bactérie, les rats diabétiques ont acquis 25 à 33% de la capacité de production d'insuline d'un rat sain.

Une future aide au traitement ?

Chez les diabétiques, l'action ou la synthèse d'insuline est anormale. Sans cette hormone qui abaisse le taux de sucre dans le sang quand il est trop haut, les vaisseaux sanguins des diabétiques sont abîmés par le glucose présent en excès. Alors que la conversion de certaines cellules intestinales en productrices d'insuline avait déjà été observée par des chercheurs japonais en 2003, c'est la première fois qu'un tel probiotique a pu être élaboré et ingérable.

Uniquement testées sur les rats, ces bactéries devraient prochainement être expérimentées chez l'homme. Cette technique a d'ores et déjà été brevetée ; elle est actuellement en cours de développement par une société pharmaceutique suédoise. Son but ? Elaborer une aide complémentaire aux traitements déjà prescrits pour le diabète. "Les diabétiques pourraient probablement prendre une de ces pilules tous les matins pour contrôler leur maladie" conclut John March, avec beaucoup d'espoir. 

Source : Engineered Commensal Bacteria Reprogram Intestinal Cells Into Glucose-Responsive Insulin-Secreting Cells for the Treatment of Diabetes. F. Duan, J. Liu and J. March. Diabetes, 27 janvier 2015. doi: 10.2337/db14-0635

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