Des antibiotiques à l'unité contre l'antibiorésistance ?

Selon un récent rapport de l'OCDE, les Français sont les deuxièmes plus gros consommateurs d'antibiotiques d'Europe, juste derrière la Grèce. Pour limiter leur utilisation, certaines pharmacies expérimentent la distribution de comprimés à l'unité.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

À l'automne 2015, 100 pharmacies ont participé à une expérimentation lancée par l'Inserm pour évaluer la distribution des antibiotiques à l'unité. Premier enseignement, dans un cas sur deux, le nombre de comprimés contenus dans une boîte ne correspondait pas à la prescription du médecin. Ce décalage vient en partie d'un écart entre les prescriptions d'antibiotiques par les médecins et les recommandations officielles, auxquelles correspondraient les boîtes.

Les patients suivent mieux les traitements

Mais sur l'ensemble de l'étude, la différence ne s'avère pas trop importante en nombre de comprimés. Bruno Ventelou, chercheur économiste à l’Inserm – CNRS – Université Aix-Marseille, explique : "En général, le décalage entre la prescription et la boîte disponible était d'environ 10%. Ce qui donne une idée de ce que la Sécurité sociale pourrait gagner dans les cas où il y a des décalages. Il y a donc environ 10% de pilules qui ne seraient pas distribuées et donc remboursées aux patients qui pourraient être réutilisées pour une autre prescription".

Autre enseignement : les patients suivent mieux leurs traitements avec ce système. 90% d'entre eux ont pris tous les comprimés distribués à l'unité, au lieu de 65% actuellement. Le bénéfice est double : les patients sont mieux traités et le risque de résistance aux antibiotiques réduit.

La tentation d'automédication réduite

Selon le Dr Richard Handschuh, médecin généraliste, "le fait de ne pas aller au bout d'un traitement antibiotique, le prendre incomplètement, crée des résistances sur les populations de microbes qui ne demandent que ça. Quand on commence à leur taper dessus, il faut les détruire. Sinon, les bactéries qui restent au fond du foyer infectieux sont plus résistantes".

Un risque qui augmente l'automédication. Certains patients réutilisent les antibiotiques sans avis médical. La généralisation de la distribution à l'unité permettrait d'en finir avec cette pratique.