Le diclofénac : un anti-inflammatoire qui ne vous veut pas que du bien

Le diclofénac est un anti-inflammatoire non stéroïdien très prescrit, qui sert à atténuer les douleurs articulaires. Depuis quelques mois, plusieurs études ont attiré l'attention des prescripteurs sur l'augmentation du risque d'accidents cardiovasculaires avec la prise au long cours de cette molécule. Quelles précautions faut-il donc prendre avec cet anti-inflammatoire ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Douleurs articulaires, migraines, fièvre... Pour les traiter, on a souvent recours aux anti-inflammatoires. L'aspirine, l'ibuprofène et de nombreuses autres molécules font partie de la famille des anti-inflammatoires dits "non stéroïdiens" que l'on distingue des anti-inflammatoires stéroïdiens comme la cortisone.

S'ils sont très utiles, ils n'en restent pas moins des médicaments avec des effets secondaires non négligeables. Effets secondaires qui conduisent parfois les autorités à retirer certaines molécules du marché comme le Vioxx® en 2004. Plus récemment, des études ont pointé du doigt des problèmes avec le diclofénac, un des anti-inflammatoires les plus utilisés pour soulager les douleurs articulaires, notamment celles liées à l'arthrose.

Le diclofénac, anti-inflammatoire non stéroïdien le plus prescrit au monde, est sur la sellette. Selon une étude, il multiplie par quatre le risque de mortalité cardiovasculaire par rapport à d'autres anti-inflammatoires quand il est pris à hautes doses et à long terme. La prescription du diclofénac nécessite donc une surveillance particulière.

Lorsque l'on prend un anti-inflammatoire non stéroïdien comme le diclofénac, il bloque la production des prostaglandines, des substances à l'origine de l'inflammation et de la douleur. Mais le médicament bloque aussi une autre enzyme impliquée dans la coagulation du sang. C'est pourquoi un anti-inflammatoire s'il calme les douleurs peut aussi provoquer des saignements.

Pris à long terme, ces médicaments auraient l'effet inverse et provoqueraient une coagulation excessive responsable de caillots à l'origine d'accidents cardiovasculaires comme l'explique le Pr Gérard Helft, cardiologue à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière : "Ce sont surtout les maladies cardiovasculaires tels qu'un antécédent d'infarctus, un antécédent d'accident vasculaire cérébral ou alors une artériopathie sévère des membres inférieurs. Il s'agit de trois situations dans lesquelles on ne prescrira pas d'anti-inflammatoire au long cours".

La même étude a été jusqu'à évoquer le retrait du marché du diclofénac. Et l'Agence européenne des médicaments propose une réévaluation du bénéfice/risque des traitements contenant cette molécule. Un avis plus mesuré partagé par la Société française de rhumatologie : "Le non retrait du marché du médicament alors que ce risque n'est pas vraiment augmenté significativement lorsqu'on le donne pour une courte période de temps et lorsqu'on ne donne pas la dose maximale, est assez justifié", confie le Pr Francis Berenbaum, chef du service de rhumatologie à l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) avant de préciser qu'il était tout aussi justifié "d'avoir mis des limites d'utilisation parce que les études montrent tout de même qu'il y a une différence de risque du diclofénac par rapport à d'autres anti-inflammatoires".

Si le patient ne présente pas de contre-indication, un avis médical est néanmoins nécessaire pour un bon usage du diclofénac. Pour un traitement au long cours, les rhumatologues peuvent opter pour le naproxène, une autre molécule anti-inflammatoire.

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