Homéopathie : la HAS pencherait pour le déremboursement

La Commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a adopté mercredi 15 mai un "projet d'avis" dans lequel elle recommanderait de ne plus rembourser l'homéopathie, d'après le site Franceinfo.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Les trois laboratoires qui commercialisent ces gélules en France vont pouvoir avancer leurs arguments auprès de la HAS.
Les trois laboratoires qui commercialisent ces gélules en France vont pouvoir avancer leurs arguments auprès de la HAS.

Officiellement, l’avis de la Haute autorité de santé sur les médicaments homéopathiques ne sera rendu public qu’en juin. Mais les fabricants de petites granules ont de quoi faire grise mine. Selon les informations de Franceinfo, la Commission de transparence de la Haute autorité de santé (HAS) a adopté mercredi 15 mai un "projet d'avis" dans lequel elle recommande de ne plus les rembourser.

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"Après avoir étudié 1 200 médicaments homéopathiques, la Haute autorité de santé estime que ces granules offrent un "service médical rendu insuffisant". Elle demande donc que les médicaments homéopathiques, jusque-là remboursés à hauteur de 30%, ne le soient désormais plus du tout", écrit franceinfo. Mercredi déjà, le journal Libération affirmait que l’avis adopté ce jour-là allait prôner le "déremboursement pour l'ensemble des produits homéopathiques, s'appuyant sur un manque d'efficacité prouvée".

La parole est aux laboratoires

Si l’avis n’a pas encore été rendu public, les trois laboratoires qui fabriquent et commercialisent des gélules homéopathiques en France ont été tenus informés de l’avis provisoire retenu par la HAS. Il s’agit de Lehning, Weleda et du leader du marché, Boiron. Ce dernier a d’ailleurs suspendu son cours de Bourse jeudi 16 mai en fin de journée.

S’ouvre désormais une "phase contradictoire", pendant laquelle ces trois laboratoires pourront faire valoir leurs arguments. Ce n'est qu'à l'issue de cette phase contradictoire que sera rendu l'avis définitif de la HAS, sur lequel le gouvernement s'appuiera pour décider ou non de dérembourser l'homéopathie. Contactée par nos soins vendredi matin, la Haute autorité de santé ne commente pas les informations de Franceinfo mais précise que les laboratoires ont trois options qui s'offrent à eux : accepter l'avis (auquel cas il pourrait être rendu défitivement fin mai), faire valoir leurs arguments par écrit ou bien solliciter une audition afin d'exposer oralement leurs arguments à la commission de la HAS en charge de cette question. De la stratégie adoptée par les laboratoires dépendra le délai dans lequel la HAS rendra son avis définitif.

Certaines gélules homéopathiques sont remboursées à 30%, bien que leur efficacité n'ait pas été évaluée scientifiquement. En 2017, le remboursement de l'homéopathie a représenté 129,6 millions d'euros sur un total de 19,9 milliards pour l'ensemble des médicaments remboursés, selon l'Assurance maladie.

Tribune au vitriol

La polémique a été relancée en mars 2018 avec la parution dans Le Figaro d'une tribune au vitriol contre l'homéopathie et d'autres "médecines alternatives" signée par un collectif de 124 médecins. Le ministère de la Santé a ensuite saisi la HAS fin août pour connaître son avis "quant au bien-fondé" du remboursement.

"Je ne cherche ni à dérembourser, ni à rembourser. Soit un médicament est utile et permet d'avoir un bénéfice clinique, soit il n'apporte rien et dans ce cas-là il n'a pas de raison d'être financé par la collectivité", soulignait la ministre, Agnès Buzyn, fin mars lors d'un entretien avec l'AFP. "J'ai souhaité remettre le rationnel scientifique au centre du débat. Ca ne veut pas dire que cela suffise toujours à prendre une décision politique, mais au moins j'ai réaffirmé qu'on ne pouvait pas faire sans", avait-elle ajouté.

Boiron avance l'argument de l'emploi

Face à la crainte d'un déremboursement, les pro-homéopathie (labos et professionnels) ont lancé début avril une riposte médiatique, avec une pétition qui revendique pour l'instant 380.000 signatures. Par ailleurs, Boiron affirme que le déremboursement de l'homéopathie menacerait 1.300 emplois sur ses 2.500 en France.

Le 28 mars, les Académies de médecine et de pharmacie ont jugé que l'homéopathie ne devait pas continuer à être remboursée. L'homéopathie est appréciée des Français: 72% "croient en ses bienfaits", selon un sondage Odoxa (Baromètre santé 360) publié en janvier.