Napoléon : les débuts de la médecine moderne

Il y a quelques semaines était célébré le bicentenaire de la mort de Napoléon, à qui nous devons le code civil, le baccalauréat, la légion d’honneur ou encore la numérotation des rues. Il est également le père de l’organisation de la médecine moderne.

Victoire Panouillet
Rédigé le

1792, le Royaume de France déclare la guerre aux puissances européennes et la première guerre de coalition éclate. Les canons font des ravages et des dizaines de milliers de blessés tombent sur le champ de bataille. Ils se vident de leur sang, mais aucun médecin militaire ne vient les chercher pour leur porter secours.

Dans l’ancien régime, avant la révolution française, le service de santé était à une lieu du champ de bataille. Ce service n’intervenait pas pendant la bataille. Il fallait attendre qu'elle soit terminée, que les combats soient finis, que les deux armées se soient retirées et seulement après il était possible d'aller chercher les blessés qui pouvaient agoniser plusieurs jours avant qu’ils puissent être sauvés.

Dominique Larrey, chirurgien des champs de bataille

Dominique Larrey est un jeune chirurgien de 26 ans qui va bouleverser l’ordre établi. Il ne supporte plus d’être spectateur de ce carnage sans même agir.  

Il faut aller vite, il a le premier l’idée de l’urgence, il faut ramasser tout de suite les blessés, prendre un cheval et un chariot pour aller au milieu des troupes.

Il pense à mettre ces blessés dans l’ambulance pour les ramener vers l’infirmerie qui se trouve un petit peu vers l’arrière et de là il commence son travail. 

Des amputations sans anesthésie

Dominique Larrey peut maintenant transporter le matériel grâce à l’ambulance et soigner directement sur le champ de bataille. Avec ce système, 80 % des soldats qu’il soigne pendant la seconde campagne de Prusse survivent. A l’époque, l’amputation est le seul traitement contre la gangrène

Quand il fallait couper au niveau de la cuisse, cela durait 3 minutes, 3 minutes et demie, il fallait aller très vite. Cette opération était subie dans d’horribles souffrances. L’anesthésie n'existait pas encore.

Le rétracteur est utilisé pour remonter les masses musculaires, notamment le fémur. Après avoir coupé la peau et les muscles, un aide passait le rétracteur pour remonter les chairs afin que le chirurgien puisse scier assez haut. Si ce n'était pas scié assez haut, l'os pouvait dépasser la zone musculaire et le moignon ne pouvait jamais cicatriser.

Un système de santé qui était à l’abandon

Le système de santé hérité de la Révolution française est à l’abandon. N’importe qui pouvait se prétendre médecin parce qu'il n'y avait plus de diplômes, plus d’examens, plus d’études.

Cela donnait une anarchie absolument considérable et rien ne pouvait fonctionner. La population était très mal soignée par des gens qui n’étaient pas honnêtes. 

"Bonaparte a le génie de s’entourer de gens compétents. Il va prendre en quelque sorte un ministre de la santé de l’époque. Corvisart est un homme exceptionnel qui va conseiller en permanence Bonaparte sur ce qu’il faut faire en médecine" explique le Prf Fabiani.

Création des facultés de médecine

Sur les conseils du célèbre médecin, Bonaparte met fin à la liberté d’exercer la médecine sans diplôme, en 1803.  

"Bonaparte va recréer des écoles de santé qui vont devenir des écoles de médecine. Il va ensuite recréer des facultés avec des professeurs qui vont être sélectionnés par des concours, avec des étudiants qui passent des examens. Sans examens, pas de possibilité de devenir médecin. Il est donc crée le métier de médecin avec un diplôme de médecin. Il créé une ossature de l’administration hospitalière extrêmement solide qui va durer pendant au moins deux siècles."

C’est aussi grâce à Bonaparte qu’aujourd’hui les hôpitaux sont gérés par les communes, que l’internat existe et qu’être sage-femme est un métier à part entière.