À quel moment peut-on dire qu'on a "fait" son deuil ?

A quel moment peut-on dire qu'on a "fait" son deuil ? Parce qu'il reste toujours un manque, non ? Accepter la mort ne veut pas dire oublier l'autre.

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le , mis à jour le

Les réponses avec le Dr Christophe Fauré, psychiatre :

"Faire le deuil est une expression qui ne veut rien dire. Faire son deuil suppose que c'est quelque chose qui démarre et qui se termine. Quand on perd quelqu'un qu'on aime, à tout jamais on sera différent. Même si on arrive à se reconstruire et à trouver une paix intérieurement. Il y a quelque chose qui est de l'ordre du manque et le manque ne fait pas partie du territoire du deuil en terme de processus. Le manque sera toujours présent. On peut avoir un apaisement de son vécu du deuil après la perte de son enfant par exemple après plusieurs années mais à chaque instant, même 15 ans, 20 ans après… il continuera à manquer. Le manque de son enfant dans telle ou telle circonstance n'est pas un critère qui permet de dire "je n'ai pas avancé dans mon deuil". Au contraire, le manque traduit toujours quelque chose du lien qui est préservé. Ce processus de deuil est assimilé à l'oubli, à tourner la page…

 "Accepter la mort ne veut pas dire oublier l'autre. Il y a au contraire une idée très négative. On considère parfois le deuil comme quelque chose qui doit évacuer la personne de sa vie, or on sait maintenant que c'est exactement l'inverse. Le processus de deuil est un processus psychologique au delà de notre volonté, de notre conscience de nous réapproprier le lien à l'intérieur, à un autre niveau. C'est donc tout sauf oublier, c'est même l'inverse."