Prothèses mammaires et cancer : ''les protocoles de dépistage sont en place''

Comme le révélait Allodocteurs.fr, un 19ème cas de lymphome lié au port d'implants mammaires a été confirmé ce 26 mars par l'Inca. La fréquence de cette complication est très faible. Toutefois, les porteuses de prothèses doivent-elles bénéficier d'un dépistage particulier ? Le docteur Sébastien Garson, chirurgien et secrétaire général du Syndicat national de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique, a répondu à nos questions.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Prothèses mammaires et cancer : ''les protocoles de dépistage sont en place''
  • L'identification de ce risque accru de développer un cancer rare a-t-elle déjà entraîné des changements dans la pratique des chirurgiens ?

Dr Garson – [Dès l'annonce de l'Inca], ce nouveau risque a été ajouté aux informations présentées dans la fiche de consentement éclairé. Nous en discutons avec nos patientes, et essayons de remettre les choses en perspective, car ces cancers sont, vraiment, extrêmement rares. Mais aujourd'hui, l'ensemble des praticiens est informé de la nouveauté de la maladie, et de la conduite à tenir. On sait ce qu'il faut faire pour poser le diagnostic, le protocole étant d'ores et déjà systématisé. L'annonce d'un 19ème cas de cancer n'a pas changé cette ligne directrice fixée par le Directoire Professionnel des Plasticiens [qui fédère les praticiens].

  • Jusqu'à présent, les consultations de contrôle pour les porteuses d'implants mammaires étaient annuelles. Cette fréquence va-t-elle être modifiée ?

Dr Garson – Non, la fréquence reste la même. Mais [l'annonce de l'Inca] rappelle aux femmes que cette consultation est importante. C'est une "piqûre de rappel". Car avec le temps – et c'est très naturel – beaucoup tendent à oublier qu'elles ont des prothèses, que ce n'est pas leur vraie poitrine. La prothèse fait partie intégrante d'elles-mêmes, et certaines ne perçoivent pas l'intérêt d'un contrôle régulier. Or, ces consultations de contrôle ne sont pas là pour les embêter. C'est souvent une visite anodine, et elle nous permet de ne pas perdre de vue la patiente. Nous vérifions qu'il n'y a pas d'asymétrie, qu'il n'y a pas de signes cliniques que la prothèse est percée… Il faut rappeler que les prothèses mammaires ont une durée de vie limitée.

  • Quel message adressez-vous aux femmes porteuses de prothèses qui craindraient ces annonces autour d'un risque accru de cancer ?

Dr Garson – Lorsqu'un cancer est présent, l'identifier tôt permet de réagir vite – quand un cancer est pris en charge de façon précoce, les chances de s'en sortir sont importantes. Comme l'ensemble des professionnels est désormais au courant de ce qu'il faut chercher, et de la conduite à tenir, les diagnostics sont précoces. C'est quelque chose de très rassurant pour les femmes. A l'heure actuelle, il n'y a pas non plus de moratoire sur la pose d'implants mammaires, car désormais la situation est bien identifiée.

 

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