Témoignages - Les victimes du Mediator espéraient des peines plus lourdes

Après sept mois de débats et de discussions, le verdict tant attendu du procès Mediator est tombé le 29 mars. Les victimes regrettent « une justice à demi-mot. »

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le verdict est tombé lundi 29 mars. Les laboratoires Servier ont été jugés coupables d’homicides et blessures involontaires et de tromperie. Les juges les ont condamnés à 2 millions d’euros d’amende et près de 160 millions d’euros d’indemnisation pour les victimes.

« Le statut de victime de ma mère est reconnu »

Un verdict attendu depuis dix ans par Lisa Boussinot. Elle a déposé une des premières plaintes à l’origine de ce procès en 2011. Sa mère est morte en 2004 à cause du Mediator :

« J’ai une satisfaction personnelle pour moi, mon père et mon frère, c’est que les Laboratoires Servier et leur filiale sont reconnus coupables d’homicide involontaire de ma mère il y a quinze ans. Enfin au bout de 10 ans de combat judiciaire, le statut de victime de ma mère est reconnu. Ils ont bien contribué à la mort brutale de ma mère. »

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Des peines et des amendes jugées trop faibles

Mais pour Lisa Boussinot comme pour beaucoup d’autres victimes présentes hier, les montants de l’amende et des indemnisations ne sont pas à la hauteur.

« Les indemnités qui sont accordées aux victimes à titre individuel sont beaucoup trop faibles, s’exaspère Maître Charles Joseph-Oudin, avocat de victimes du Médiator. Trop faibles dans leurs montants, au regard de la gravité des faits, de l’ampleur des préjudices, de l’ampleur des retentissements. Les gens aujourd’hui qui ont une valve mécanique qui vivent avec l’inquiétude d’une opération ne se sentent pas réparés par les indemnités que le tribunal leur accorde aujourd’hui. »

"C'est une pendule"

Michel Due fait partie des victimes en colère. Ses valves cardiaques ont été détruites par le Médiator. Depuis l’opération à cœur ouvert qui les a remplacées par des valves mécaniques, il vit au rythme de leur battement : « Moi je suis en colère. Les gens, ils ne savent pas ce que c’est. Elle des fois, quand je vais chez elle, elle me dit « Papa, ton cœur il marche ? », je lui dis « Oui », elle me dit « Je l’entends ». Elle entendait ma pendule. C’est une pendule. »

Sa fille Patricia acquiesce : « C’est vrai qu’il ne peut plus rien faire à la maison. Donc quand il a besoin il fait appel à nous. Il se sent en sécurité, c’est pour ça qu’il demande que je vienne avec lui. Parce qu’il sait que s’il lui arrive quelque chose, je connais les gestes de premiers secours donc ça le rassure. »

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« Je voulais qu'ils ferment le laboratoire »

Pour Francesca Guardiola, qui a traversé deux mois de coma après son opération des valves cardiaques, la condamnation n’est pas à la hauteur des séquelles du Médiator : « Je suis en colère parce que la justice n’est pas juste. Moi je voulais qu’ils ferment le laboratoire. Maintenant je suis en colère parce que je ne vaux rien, j’ai mal partout, il y a des jours où j’ai mal à la tête, où que je ne suis pas bien. »

Plusieurs victimes ont donc déjà décidé de faire appel.

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