100.000 doses d’un anticancéreux périmé commercialisées entre 2007 et 2010

Dévoilée en 2011, l’affaire de la commercialisation d’un anticancéreux périmé a débouché en Suisse sur la condamnation du fabricant. L’agence suisse de surveillance des médicaments juge le verdict trop léger. En France, aucun jugement n’a encore été rendu dans l’affaire.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Le scandale remonte à 2011. Le fabricant historique de l’anticancéreux thiotepa (Tepadina®), le laboratoire Riemser, effectue des dosages du générique produit par la société luxembourgeoise Alkopharma et distribué par l’entreprise Genopharm. Il découvre que les doses de substance active dans les lots testés sont inférieures à celle présentes dans le Tepadina®. Une enquête démontrera qu’Alkopharma falsifiait les dates de péremption du traitement afin d’écouler ses stocks.

Alors que le médicament n’avait qu’une durée de vie de 18 mois, des lots périmés depuis parfois plus de 5 ans étaient commercialisés depuis 2007. Selon des données collectées par le journal suisse Le matin auprès de l’agence suisse de surveillance des médicaments, Swissmedic, environ 100.000 doses du médicament auraient été écoulées – dont 98.820 doses en France.

Y-a-t-il eu une perte de chances pour les patients ?

Selon les chiffres avancés par les avocats du laboratoire Riemser, les produits testés présentaient de 10% à 20% de substance active en moins comparé au produit original. "Une partie du produit est lentement absorbée par le caoutchouc du flacon, raison pour laquelle la péremption a été fixée à une période relativement courte de 18 mois", précise ainsi maître Eric Weil.

Destiné au traitement des cancers de l’ovaire, du sein, de la vessie et de certains cancers pédiatriques, le Thiotepa était administré conjointement à d’autres médicaments. De ce fait, les conséquences de la fraude sur la santé des patients reste complexe à établir.

La justice suisse a condamné le patron d’Alkopharma, Alain Bouaziz, ainsi qu’une salariée de l’entreprise "responsable de la chaîne logistique" qui a reconnu avoir mis en place la falsification. Les tribunaux helvètes n’ont toutefois pas retenus l’accusation de "mise en danger de la vie des patients". Swissmedic a déposé un recours contre cette condamnation, jugée trop légère, "durant l'été 2016" (date précisée par SwissMedic au cours d'un échange avec notre rédaction).

En France, une enquête a été ouverte par le pôle de santé publique de Paris en 2012, suite à une plainte de Riemser contre le distributeur Genopharm. Si l’instruction a été achevée en 2016, le parquet n’a pas encore présenté de réquisitoire. Valery Monin, ex-responsable de Genopharm (et neveu d’Alain Bouaziz, ainsi que le précise Le Point) affirme qu’il ignorait que les traitements qu’il distribuait étaient périmés. "En tant que revendeurs, nous devions simplement vérifier que les produits étaient acccompagnés des certificats exigés par la loi, ce qui était le cas".

la rédaction d’Allodocteurs.fr