Traitements des maladies de la rétine : quels progrès ?

Plusieurs millions de Français sont touchés par les pathologies de la rétine, qui sont les principales causes de malvoyance chez l'adulte et l'enfant. Maladies génétiques, traumatismes, complications du diabète ou maladies liées au vieillissement... Les maladies de la rétine ont des origines variées et les traitements sont donc différents.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent les maladies de la rétine
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé expliquent les maladies de la rétine

De quoi est composé est un oeil ? La cornée tout d'abord, est la partie bombée et transparente de l'oeil. Son rôle est de focaliser la lumière sur une deuxième lentille, le cristallin. Les rayons sont alors projetés au fond de l'oeil sur la rétine.

L'ensemble de la rétine est tapissée de cellules capables de capter la lumière (les photorécepteurs). La lumière qui entre à travers la pupille, est captée par l'ensemble des photorécepteurs de la rétine. Il en existe deux sortes : les cônes sont spécialisés dans la vision des couleurs et les bâtonnets dans la vision du noir et blanc, donc dans la vision de nuit.

Ces photorécepteurs contiennent un pigment chimique qui est modifié par la lumière, c'est ce qui va produire une stimulation électrique au niveau des terminaisons nerveuses auxquelles ils sont connectés. L'ensemble des signaux est transmis au cerveau grâce au nerf optique pour qu'il reconstitue l'image.

Sur la rétine existe une petite zone où ces photorécepteurs sont concentrés, il s'agit de la macula. Elle transmet à elle seule 90% de l'information visuelle. Pour que la vision soit nette, l'oeil doit concentrer la lumière vers la macula, car à ce niveau, il y a une concentration de photorécepteurs, essentiellement des cônes serrés les uns contre les autres qui vont non seulement permettre la vision des couleurs mais aussi celles des détails.

Trou maculaire : un traitement chirurgical

Le trou maculaire (formation d'un trou au niveau de la macula) est une pathologie assez rare qui concerne moins de 1% de la population, principalement les personnes âgées. Cette maladie peut entraîner une perte importante de la vision. Le traitement est chirurgical.

"La plupart du temps, le trou ne peut pas se résorber de manière spontanée. Il faut opérer parce que la baisse de vision va s'accentuer et si on attend trop pour opérer, le patient ne va pas récupérer suite à une chirurgie", explique le Dr Sébastien Bonnel, chirurgien ophtalmologiste.

Pour cette intervention, seul l'oeil du patient est endormi. Le chirurgien et toute son équipe sont équipés de lunettes en trois dimensions. Un gel est disposé pour protéger la cornée et un petit tube est introduit dans l'œil. Après avoir introduit une source de lumière dans l'oeil, le chirurgien injecte des cristaux blancs pour mieux visualiser le vitré. Il injecte ensuite un colorant pour visualiser la membrane du tissu rétinien à retirer.

Les gestes du médecin doivent être très précis car l'épaisseur de la membrane est dix fois plus fine qu'un cheveu. La dernière étape de l'intervention consiste à remplir l'oeil avec un mélange gazeux pour favoriser la fermeture du trou maculaire.

Après l'intervention, "le patient doit dormir sur le ventre et dans la journée, il doit regarder soit ses pieds, soit jusqu'à deux mètres en avant de ses pieds pour que le gaz appuie au niveau de la macula", précise le Dr Bonnel. Le patient retrouve de la vision trois semaines après l'opération. Dans plus de 90% des cas, la chirurgie permet d'obtenir la fermeture du trou maculaire.

Recherche : réparer les cellules de la rétine

C'est un véritable espoir pour les patients atteints de maladies rares détruisant les cellules pigmentées de la rétine. Des chercheurs ont mis au point un "patch cellulaire", une sorte de pansement composé de nouvelles cellules de rétine.

Tout commence avec des cellules aux super pouvoirs : "Les cellules souches pluripotentes ont la capacité de pouvoir se multiplier et elles ont la capacité de pouvoir donner toutes les cellules de l'organisme. Nous, nous souhaitons obtenir des cellules pigmentées de la rétine. On va donc mettre des molécules qui vont permettre d'obtenir les cellules pigmentaires à partir des cellules souches", explique Christelle Monville, professeur de biologie.

Cinq années de travail ont été nécessaires à l'équipe pour mettre au point le bon protocole et obtenir enfin les cellules tant désirées. Dans la rétine, ces cellules sont disposées les unes à côté des autres sur une seule couche. Pour reproduire cette configuration, il a fallu créer une sorte de patch cellulaire en utilisant de la membrane amniotique.

Au bout de quatre semaines, les cellules pigmentées de la rétine ont colonisé la membrane amniotique. Le patch est alors enrobé dans de la gélatine afin de protéger les cellules et de lui donner de l'élasticité. Les chercheurs peuvent ensuite le découper à la taille souhaitée et l'introduire dans un dispositif.

Dans une étude, le patch a été greffé dans la rétine de rats atteints de rétinite pigmentaire au tout début de la maladie. Les chercheurs ont pu alors constater que la couche cellulaire avait été préservée et que la mort des cellules de la rétine avait été ralentie voire stoppée. Et pour vérifier que les animaux avaient bien préservé leur vision, les scientifiques ont testé leurs réflexes visuels.

Reste à savoir si ces bons résultats seront les mêmes chez l'homme. Les premiers essais devraient avoir lieu au début de l'année 2019. Cette recherche est le fruit d'une collaboration de l'I-stem et de l'Institut de la vision. Elle est principalement financée par l'AFM-Telethon.