Troubles bipolaires : un test diagnostique en une heure ?

Des chercheurs canadiens affirment avoir trouvé une méthode pour différencier rapidement un trouble bipolaire d'une dépression. Cette technique permettrait de limiter de nombreuses erreurs de diagnostic.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Troubles bipolaires : un test diagnostique en une heure ?
Crédits Photo : © Amy Messere on Visual Hunt / CC BY-NC-ND  

Diagnostiquer un trouble bipolaire en une heure. C’est ce que proposent des chercheurs canadiens en ingénierie biomédicale de l’université de Manitoba. Dans une étude qu’ils publient le 26 mars 2019 dans le World Journal of Biological Psychiatry, ils expliquent avoir trouvé une méthode rapide pour différencier les troubles bipolaires des dépressions souvent confondus lors du diagnostic.

Cet examen s’appuie sur la méthode dite d’électro-vestibulographie : le patient s’assied dans un fauteuil hydraulique et des électrodes placées dans ses oreilles mesurent l’activité nerveuse du système vestibulaire, un organe situé dans l’oreille interne. Ce dernier est non seulement impliqué dans les sensations de mouvement et d’équilibre mais est également considéré comme une "fenêtre" pour explorer les troubles psychiatriques car il est finement connecté à de nombreuses régions cérébrales.

Définir des critères de diagnostic

Les chercheurs ont découvert par hasard que cette méthode pouvait servir au diagnostic des troubles bipolaires : en étudiant des patients atteints de la maladie de Parkinson, ils se sont rendus compte que les réponses nerveuses de cette zone étaient très différentes selon que ces personnes souffraient ou non de dépression. Ils ont donc poursuivi leurs travaux en y enrôlant 43 patients souffrant de troubles bipolaires, 39 souffrant de dépressions et 27 sujets sains. Ils se sont alors rendus compte que l’activité nerveuse du système vestibulaire était très différente selon que les participants souffraient de troubles bipolaires, de dépression, ou étaient en bonne santé.


L’idée serait désormais d’utiliser ces données pour définir des critères de diagnostic afin de reconnaître les patients souffrant de troubles bipolaires ou de dépression. "Nous aimerions si possible commercialiser ce procédé" explique ainsi le docteur Brian Lithgow, auteur principal de l’étude, dans un communiqué de l’université de Manitoba. Mais de plus amples recherches sont nécessaires pour valider les résultats : "Si nous pouvons trouver un psychiatre local disposé à collaborer, nous aimerions rechercher 300 volontaires chez qui on a diagnostiqué une dépression majeure ou un trouble bipolaire pour participer à une autre étude en double-aveugle" ajoute le spécialiste.

Jusqu'à 10 ans avant un bon diagnostic

Même si ce test n’est donc pas encore validé, il offre l’espoir d’améliorer le diagnostic et donc la prise en charge des troubles bipolaires. En effet, les auteurs de l’étude rappellent que 40% des personnes souffrant de troubles bipolaires reçoivent en premier lieu un diagnostic de dépression, ce qui les oriente vers une mauvaise réponse thérapeutique.

Selon la Haute Autorité de Santé (HAS), le taux d’erreur de diagnostic des troubles bipolaires est ainsi estimé entre 30 et 69% en Europe et aux États-Unis et il peut s’écouler de huit à dix ans entre le premier symptôme et le diagnostic correct de troubles bipolaires associé à la prescription d’un médicament régulateur de l’humeur. Pourtant, "les conséquences d’un retard de diagnostic sont sévères" rappelle la HAS. Ainsi, "une reconnaissance tardive du trouble bipolaire favorise les risques associés à la maladie comme le suicide, les hospitalisations, les conséquences désastreuses sur le plan socio-économique (perte du travail, difficultés financières), ou les comorbidités médicales" poursuit cette autorité sanitaire.