Les élèves évitent les toilettes : quel impact sur leur santé ?

Odeurs d'urine, manque de savon ou encore saleté : l'insalubrité rencontrée dans les toilettes des établissements scolaires répugne la grande majorité des élèves. Dans près d'un tiers des collèges et lycées, ils préfèrent renoncer à les utiliser, selon un rapport présenté par l'Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignements (ONS). Une attitude qui n'est pas sans conséquence sur la santé et de bien-être des adolescents. Les filles semblent plus particulièrement touchées par ce problème.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Entretien avec le Dr Laurence Peyrat, urologue
Entretien avec le Dr Laurence Peyrat, urologue

L'insalubrité a envahi les toilettes des établissements scolaires, à tel point qu'elles sont devenues un lieu peu fréquentable pour les adolescents. C'est ce que révèle le rapport de l'Observatoire national de la sécurité et de l'accessibilité des établissements d'enseignements (ONS), publié le 11 mars 2014. 25% des établissements, majoritairement des collèges, ont signalé au moins un cas d'élève ayant renoncé à des toilettes scolaires. Le manque de papier, de propreté et d'intimité, les odeurs, sont les nombreuses raisons évoquées par les collégiens et les lycéens.

Pourtant, s'abstenir d'aller aux toilettes n'est pas sans conséquences sur la santé de ces jeunes, principalement parmi la population féminine. Le rapport mentionne une thèse du Dr Bénédicte Hoarau, selon laquelle, "ce sont les filles qui souffrent le plus des troubles recensés : incontinence urinaire, brûlures à la miction et constipation, douleurs abdominales".

Les filles davantage sujettes à des infections urinaires

Se retenir d'aller aux toilettes peut entraîner des troubles urinaires. En effet, "lorsque l'habitude perdure dans le temps, elle peut entraîner une infection urinaire", explique le Dr Amaury de Cassin, médecin généraliste. La plus répandue est la cystite. Les femmes et les petites filles sont en première ligne. Et pour cause, 50% d'entre elles ont souffert d'une cystite au moins une fois dans leur vie. Chez les plus jeunes, ne pas aller aux toilettes est l'un des principaux facteurs. Elle se manifeste par un besoin constant d'aller aux toilettes, des douleurs ou des brûlures lors de la miction (la miction étant l'action d'uriner) et des douleurs au niveau du pubis.

Une cystite peut guérir spontanément, mais si elle est mal soignée ou si elle passe inaperçue, l'infection peut atteindre les reins et entraîner ce que l'on appelle une pyélonéphrite, une grave infection des reins. "C'est le premier organe à être mis en danger par une infection urinaire", explique le Dr Christophe Philippe, pédiatre à l'hôpital Louis-Mounier, à Paris. En effet, les reins filtrent le sang et fabriquent l'urine. Cette dernière est ensuite expulsée dans des conduits de calibre irrégulier, appellés les uretères. Ils partent des reins et descendent jusqu'à la vessie qui stocke l'urine jusqu'à son élimination. "Les infections urinaires à répétition peuvent développer des troubles de la vessie (contractions) et provoquer des fuites urinaires", ajoute le pédiatre.

La constipation : plutôt le mal des garçons

Quant aux hommes, ils sont moins concernés par les infections urinaires. "C'est une question d'anatomie", justifie le Dr Amaury de Cassin, médecin généraliste. "Les garçons présentent une plus grande facilité à uriner quelque soit le lieu, mais ils souffrent davantage de constipation", explique le médecin généraliste. Ce qui peut entraîner des hémorroïdes, et dans certains cas, une incontinence fécale (encoprésie), qui peut imposer une rééducation.

Le rapport annuel précise que "le problème des toilettes n'est pas une fatalité. S'en saisir ne doit pas être tabou, vu les conséquences induites sur la santé et le bien-être des élèves".

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