Maladie coeliaque : un virus peut-il mobiliser le système immunitaire contre le gluten ?

EN BREF - Des expériences sur la souris suggèrent qu'une infection précoce par un virus réputé inoffensif, de la famille des réovirus, pourrait, augmenterait le risque de développer une maladie coeliaque. Des recherches complémentaires restent nécessaires pour confirmer ou infirmer cette hypothèse.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les sensibles au gluten ne sont pas tous des malades imaginaires
Les sensibles au gluten ne sont pas tous des malades imaginaires  —  - Crédit photo: Printemps - Fotolia.com

La maladie coeliaque est une maladie caractérisée par une destruction de la paroi de l’intestin grêle (atrophie des villosités intestinales) liée à une réaction immunitaire en présence de fragments de protéines de gluten. Ces altérations limitent l’absorption de divers nutriments, et entraîne des carences. Cette pathologie grave n’est pas à confondre avec divers autres troubles présentés comme liés à l’ingestion du gluten, sans destruction des villosités.

Divers facteurs, notamment génétiques, peuvent contribuer à l’apparition de la maladie coeliaque. L’hypothèse de l’implication d’une infection virale pour certains cas avait été avancée au milieu des années 2000, sans solides arguments pour l’appuyer.

Une expérimentation présentée ce 7 avril dans la revue Science vient remettre les virus sur la table.

Des chercheurs ont en effet inoculé à des souris deux souches d’un virus réputé inoffensif pour l’homme (le réovirus type 1 Lang, ou T1L, et le réovirus Type 3 Dearing, ou T3D).

Si les deux souches entraînent une réaction immunitaire chez l’animal, les chercheurs ont constaté que la première (T1L) s’accompagnait d’une réaction tournée contre le gluten présent dans l’intestin. Les attaques contre T1L entraînait en outre une expression d’un facteur immunitaire identifié comme particulièrement exprimé chez les humains souffrant de maladie coeliaque (le facteur de régulation de l'interféron 1, ou IRF1).

Si ces résultats venaient à être confirmés, ils ne signifieraient pas que l’infection virale suffit à déclencher la maladie. Elle constituerait plutôt un facteur de risque, susceptible d’être combiné avec d’autre facteurs (par exemple, la période d'introduction du gluten dans l’alimentation des nourrissons).

"Cette étude montre clairement qu'un virus qui n'est pas cliniquement symptomatique peut [interagir avec] le système immunitaire et préparer la voie à un trouble auto-immun, en particulier une maladie cœliaque ", juge Bana Jabri de l'Université de Chicago, co-auteur de l’étude. "Cependant, la nature du virus, ses gènes, l'interaction entre l’agent pathogène et l'hôte, [ou encore] l'état de santé de l'hôte sont tous aussi importants".

Étude de référence : Reovirus infection triggers inflammatory responses to dietary antigens and development of celiac disease. R. Bouziat et al. Science, 7 avr. 2017:Vol. 356, Issue 6333, pp. 44-50 doi:10.1126/science.aah5298