Réchauffement climatique : le paludisme prend de l'altitude

Avec la montée des températures en altitude, des populations vivant dans des régions montagneuses en Amérique du Sud et en Afrique de l'Est sont plus touchées par le paludisme que par le passé, selon des travaux publiés le 6 mars 2014 dans la prestigieuse revue Science.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Réchauffement climatique : le paludisme prend de l'altitude

La propagation du paludisme varie en fonction de nombreux facteurs. Outre la température (voir encadré), les précipitations, l'utilisation des terres, la résistance des parasites aux antipaludéens et les mesures de contrôle des moustiques, jouent tous un rôle. De fait, il est difficile d'isoler l'influence spécifique des températures dans ce phénomène, et donc d'évaluer dans quelle mesure le réchauffement climatique pourrait contribuer à une propagation des parasites dans de nouvelles zones.

Pour surmonter cette difficulté, les auteurs de l'étude ont comparé l'évolution des cas de paludisme dans l'ouest de la Colombie de 1990 à 2005, et dans le centre de l'Éthiopie de 1993 à 2005. Ils ont ensuite comparé le nombre de cas avec les fluctuations annuelles des températures moyennes dans ces régions. Ils concluent que le nombre de cas de paludisme augmente à des altitudes plus élevées durant les années les plus chaudes et diminue pendant les années les plus fraîches pour s'accroître dans les zones moins élevées.

"La tendance est très claire et les conséquences du réchauffement entraîne une propagation du paludisme en altitude avec une augmentation croissante probable du nombre de cas dans l'avenir", explique Mercedes Pascual, chercheuse à l'Université du Michigan (Etats-Unis) qui a coordonné cette étude.

En conclusion de ces travaux, l'équipe du Pr Pascual note que, sans davantage de mesures de contrôle, le changement climatique va accentuer le fléau du paludisme, notamment dans des régions à altitudes élevées avec une forte densité de population comme en Antioquia dans l'ouest de la Colombie et le centre de l'Éthiopie (où cette recherche a été effectuée).

Dans une recherche précédente, ces mêmes chercheurs estimaient qu'en l'absence de mesures antipaludéennes, une augmentation d'un degré Celsius de la température pourrait se traduire par trois millions de cas supplémentaires de paludisme chez les moins de quinze ans en Ethiopie.

L'impact du changement climatique sur le paludisme pourrait avoir d'importantes conséquences dans ces régions : 37 millions d'Éthiopiens vivent à des altitudes allant de 1.600 à 2.400 mètres.

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Une élévation locale des températures constitue un facteur connu du développement du paludisme. En effet, les moustiques porteurs des parasites responsables de la maladie (Plasmodium falciparum et Plasmodium vivax) se multiplient davantage lorsqu'il fait plus chaud. "En outre, ces parasites développent leurs capacités infectieuses plus rapidement à des températures plus élevées", selon les auteurs de l'étude.