L’hôpital pousse les murs pour accueillir les patients covid

A Saint-Etienne, l’une des villes les plus touchées par l’épidémie, le centre hospitalier fait tout pour accueillir les nouveaux malades infectés par la covid-19. Au prix de nombreuses annulations de soins.  

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Derrière les vitres colorées du CHU de Saint-Etienne, habituellement, des enfants se réveillent après une opération. Depuis la reprise de l’épidémie, la salle a été transformée en service de réanimation. Quelques lits sont encore disponibles. Mais, le Pr Serge Molliex, chef des services d’anesthésie et de surveillance post-opératoire, ne sait pas pour combien de temps. “Dans les prochains jours, nous serons confrontés à l’impossibilité d’augmenter nos capacité d’accueil en réanimation. Le confinement est un élément essentiel pour nous parce qu’il va permettre, comme lors de la première vague, de casser l’épidémie.” 

Déprogrammations massives

Dans la Loire, les patients hospitalisés sont déjà plus nombreux qu’au printemps dernier. Pour augmenter encore les capacités en réanimation, les blocs opératoires ferment les uns après les autres. Déjà plus de 70% des interventions ont été déprogrammées. L’hôpital doit pousser les murs et  trouver du personnel pour s’occuper des malades.  

Le Pr Rémi Philippot, chef du pôle des blocs opératoires, explique : “pour ouvrir des lits de réanimation, nous avons besoin de personnel paramédical formé et nous avons besoin de médecins réanimateurs-anesthésistes. Or, nous sommes à effectif constant et donc toute ouverture de lits de réanimation génère des fermetures de salles opératoires pour que les infirmiers anesthésistes, de blocs opératoires, de salles de réveil soient redéployés sur ces nouvelles unités de réanimation”.  

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Des choix éthiques en perspective

Au 2ème étage, faute de soignants, l’activité de chirurgie orthopédique est à l’arrêt. Mais, les lits ne vont pas rester vides très longtemps. Ils vont bientôt accueillir des patients qui ont le COVID mais qui ne nécessitent pas de passage en réanimation. S’adapter encore et toujours.... Pour l’instant, grâce aux équipes et à une organisation minutieuse, l’hôpital fait face. Mais c’est au prix d’un retard de prise en charge pour les autres patients. 

Le Pr Rémi Philippot est inquiet pour la suite : “si jamais la situation s’aggrave et qu’on doit continuer à déprogrammer, la prochaine étape sera de déprogrammer la prise en charge des cancers. La situation serait vraiment très pénible parce qu’il faudrait faire des choix éthiques, choisir entre guérir un patient de son cancer en mettant en place une prise en charge optimale ou prendre en charge un patient COVID.” 

C'est donc une autre catastrophe sanitaire qui se profile, d’autant qu’au printemps dernier, de nombreuses opérations avaient déjà été reportées.