L’été suffira-t-il à arrêter le coronavirus?

Le climat estival ne parviendra pas à stopper à lui seul l’épidémie de coronavirus dans l’hémisphère nord, selon une étude américaine. Le virus pourrait continuer à se propager, même en été, tant que l’immunité de groupe restera faible.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / STEKLO

Le coronavirus continuera-t-il de sévir cet été dans l’hémisphère nord ? A priori oui, selon des chercheurs de l’université américaine de Princeton qui publient une étude le 18 mai dans la revue Science. Selon eux, l’impact du climat estival sur le SARS-CoV-2 serait négligeable face au faible niveau de personnes contaminées à l’heure actuelle.

Avant la publication de cette étude, des travaux statistiques menés au cours des derniers mois ont mis en évidence une légère corrélation entre le climat et l'épidémie : plus il fait chaud et humide, moins le virus se propagerait. Mais ces calculs restent préliminaires et les scientifiques ignorent toujours le lien biologique entre le climat et le virus qui cause le Covid-19.

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"Les régions tropicales et tempérées doivent se préparer à des épidémies sévères"

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont modélisé plusieurs scénarios pour le SARS-CoV-2, en s’appuyant sur le comportement des virus de la grippe et de deux coronavirus connus, à l’origine de rhumes. Ils ont alors simulé ce qui se passerait dans plusieurs régions du globe, sous différentes températures et niveaux d'humidité.

Si les chercheurs ne contredisent pas la corrélation entre climat et épidémie, ils la considèrent négligeable pour l'instant. "Nos résultats impliquent que les régions tropicales et tempérées doivent se préparer à des épidémies sévères, et que les températures estivales ne vont pas contenir la propagation des infections", concluent-ils dans leur publication.

"Nous prévoyons que les climats plus chauds et humides ne ralentiront pas le virus dans les stades initiaux de la pandémie", détaille encore la première autrice de l'étude, Rachel Baker, chercheuse en post-doctorat à Princeton, dans un communiqué de l'université.

Une trop faible immunité collective

Pourquoi une telle affirmation ? Le climat, en particulier l'humidité, joue un rôle dans la propagation d'autres coronavirus et de la grippe. Mais dans le cas du SARS-CoV-2, ce facteur devrait être limité par rapport à un autre facteur beaucoup plus important dans la pandémie actuelle, selon les chercheurs : la faible immunité collective. En France, par exemple, 4,4% de la population seulement avait été infectée au 11 mai, moins de 10% dans les régions les plus touchées. Des chiffres encore bien loin de l'immunité collective qui nécessite qu'au moins 65% de la population ait été contaminée.

Autrement dit, le nombre de personnes à infecter reste amplement suffisant pour assurer une progression rapide de la maladie, même en été. "Le virus se propagera vite, quelles que soient les conditions climatiques", ajoute la docteure Baker.

Un virus bientôt saisonnier ?

Résultat, en l'absence de mesures de contrôle ou de vaccin, le coronavirus va donc contaminer progressivement une plus grande partie de la population, selon les chercheurs de l’étude. C'est seulement après cela que le SARS-CoV-2 pourrait devenir saisonnier, comme ses cousins. "D'autres coronavirus humains comme ceux du rhume dépendent fortement de facteurs saisonniers, en culminant pendant l'hiver en dehors des tropiques", note le professeur Bryan Grenfell, co-auteur de l’étude, dans le communiqué de l'université. "Si, comme c'est probable, le nouveau coronavirus est également saisonnier, on peut s'attendre à ce qu'il se transforme en virus hivernal au fur et à mesure qu'il deviendra endémique* dans la population".

En effet, les virus se propagent généralement plus facilement en hiver, quand les populations sont plus longtemps en contact dans des lieux clos et passent moins de temps en extérieur, dans des espaces ouverts.

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* Un virus endémique est un virus qui sévit en permanence dans une population.