Interféron et anticorps de synthèse : deux espoirs contre le covid

Deux traitements pourraient limiter le risque de formes graves du covid, selon le ministre de la Santé. Celui à base d’anticorps monoclonaux vient d’être autorisé en France mais l’interféron est encore au stade d’essai clinique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Corona Borealis Studio

Gestes barrières, vaccination, traitements… Parmi les outils de lutte contre le covid-19, deux médicaments porteurs d’espoir ont été cités par le ministre de la Santé Olivier Véran lors de la conférence de presse du 25 février. "Ce sont des espoirs nouveaux (...) qui renforcent notre arsenal anti-covid" a-t-il déclaré à leur propos.

Un nouveau traitement autorisé en France

Le premier est un médicament par anticorps de synthèse ou anticorps monoclonaux. Plusieurs laboratoires, comme Regeneron ou Celltrion, ont développé ce type de traitement. En France, c’est celui de l’américain Eli Lilly qui vient d'être autorisé par l’Agence du médicament (ANSM) qui a délivré une autorisation temporaire d’utilisation (ATU) pour les patients les plus à risque de formes graves.

Ce traitement pourrait être destiné aux patients de plus de 80 ans qui ont des troubles de l'immunité, aux patients transplantés comme les greffés du rein, aux dialysés et aux patients sous chimiothérapies.

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De faux anticorps pour mimer les vrais

Ce type de traitement par "anticorps monoclonaux" avaient connu une certaine notoriété en octobre, lorsque l'ancien président américain Donald Trump, brièvement hospitalisé pour covid, avait reçu à titre expérimental celui de Regeneron.

Mais de quoi s’agit-il ? Ces médicaments contiennent des anticorps de synthèse, fabriqués et "clonés" en laboratoire. Ils miment l'action des anticorps, ces molécules du système immunitaire naturellement produites par l’organisme en cas d'infection.

Un "anticorps monoclonal" est précisément conçu pour reconnaitre et cibler un agent infectieux, ici le coronavirus. Concrètement, il vise la fameuse protéine S, protéine de surface du virus, pour l’empêcher de se fixer aux cellules cibles et d’y pénétrer.

Entre 1.000 et 2.000 euros

Le procédé des anticorps monoclonaux n’est pas nouveau. Ils sont déjà utilisés depuis une trentaine d'années pour traiter certains cancers ou certaines maladies inflammatoires.

Problèmes : ce traitement est très cher - entre 1.000 et 2.000 euros -, doit être administré en intraveineuse à l’hôpital dans les cinq jours qui suivent l’apparition des symptômes et son efficacité sur les variants du coronavirus est mal connue. S’il semble agir contre le variant britannique, son efficacité sur les variants sud-africain et brésilien n’est pas démontrée. Et pour cause : certaines de leurs mutations peuvent leur permettre d'échapper aux anticorps, qu'ils soient naturels ou artificiels.

L’interféron, encore au stade d’essai

Deuxième traitement évoqué par Olivier Véran comme porteur d’espoir : l’interféron. Ici encore, il ne s’agit pas d’un nouveau traitement mais bien d’un "vieux médicament" utilisé pour "compenser des déficits d’interférons", rappelait-il. Les interférons étant des protéines naturellement produites par le système immunitaire pour lutter contre une infection. Ce traitement, s’il est administré chez des personnes carencées en interférons, "pourrait limiter le risque de formes graves" du covid, avançait le ministre.
A ce jour, ce traitement fait encore l’objet d’essais cliniques et les résultats d’efficacité devraient être disponibles "dans quelques semaines", selon Olivier Véran.