Covid : plus de la moitié des infirmiers en "épuisement professionnel"

Près de six infirmiers sur 10 souffrent d’épuisement professionnel depuis le début de la crise du coronavirus et plus d’un tiers ont envie de changer de métier, alerte l’Ordre national des infirmiers qui appelle à une revalorisation de la profession.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / Hector Pertuz

Une "situation d'épuisement professionnel". C’est ce que ressentent plus de la moitié des infirmières et infirmiers français, alerte le 11 octobre l'Ordre national des infirmiers dans une enquête que dévoile Le Parisien.

Réalisée du 2 au 7 octobre 2020, cette enquête a pris en compte les réponses de 59.368 infirmiers inscrits à l’Ordre. Elle révèle que 57% d’entre eux se trouvent actuellement "en situation d'épuisement professionnel". Cette proportion a presque doublé depuis le début de la crise sanitaire, puisqu’ils étaient 33% à se sentir épuisés avant l’épidémie, souligne l’Ordre dans un communiqué.

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Plus de travail, moins d'effectifs

Ce résultat risque d'avoir "un fort impact sur la qualité des soins", estiment 48% des répondants. D’autant que le manque de personnel est toujours criant : plus d'un tiers des infirmiers salariés indiquent être "en effectifs réduits par rapport à la normale", 57% estiment "ne pas disposer du temps nécessaire pour prendre en charge les patients" et deux tiers déclarent que leurs conditions de travail se sont détériorées depuis le début de la crise.

Résultat, 59% d'entre eux disent avoir vu "leur charge de travail augmenter depuis le début de la crise" (75% pour les infirmiers salariés ou exerçant en établissement) et près d'un infirmier sur cinq "n'a pas pu prendre de congés depuis mars dernier" (29% parmi les libéraux).

Les équipements de protection de nouveau "insuffisants"

Par ailleurs, 30% d'entre eux "exercent des tâches qui sortent de leur champ de compétences réglementaire pour faire face au surcroit d'activité général lié au covid".
En outre, 3,5% des infirmiers déclarent avoir été invités à venir travailler alors qu'ils avaient été testés positifs au covid (4,5% en établissement).

Et selon cette enquête, aucune amélioration n’est constatée depuis la première vague de covid. 43% des infirmiers (46% pour les libéraux) ont ainsi le sentiment de ne pas être "mieux préparés collectivement pour répondre à une nouvelle vague de contaminations".
Exemple marquant : les équipements de protection (masques, blouses, gants...) se révèlent "de nouveau en quantité insuffisante", selon 44% des répondants (68% pour les libéraux).

37% ont envie de changer de métier

Le risque ? Que de plus en plus d’infirmiers "jettent leur blouse", s’inquiète l’Ordre. "Alors que 34.000 postes d’infirmiers sont vacants en cette rentrée 2020 et qu’il faudrait en créer encore plus pour répondre réellement aux besoins du terrain", 37% des infirmiers estiment que "la crise (qu’ils traversent) leur a donné l’envie de changer de métier" et 43% "ne savent pas s’ils seront toujours infirmiers dans cinq ans".

Revaloriser la profession "à tout prix"

Face à cette "situation en tension", l’Ordre appelle donc à "des mesures urgentes". "Nous devons à tout prix revaloriser la profession infirmière, certes financièrement, mais aussi et surtout la rendre plus attractive, par exemple en permettant aux infirmiers d’évoluer tout au long de leur carrière, en reconnaissant leur contribution réelle à l’offre de soins, en leur permettant d’avancer vers davantage d’autonomie…" propose Patrick Chamboredon, Président de l’Ordre National des Infirmiers dans le communiqué.

Et devant le rebond épidémique, le président de l’Ordre "en appelle également à la responsabilité de chacun", notamment au respect des gestes barrières, pour "vaincre collectivement l’épidémie."