Coronavirus : une plateforme pour soutenir les associations d'aide aux personnes isolées

En cette période de confinement, les associations d’aide aux personnes isolées se retrouvent dans une situation difficile. Afin de leur venir en aide, le gouvernement a mis en place une plateforme de réserve civique.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Coronavirus : une plateforme pour soutenir les associations d'aide aux personnes isolées
Crédits Photo : © congerdesign / Pixabay

« Le confinement empêche l’accueil, mais aussi toutes les activités, les cours de français, d’informatique, la permanence d’aide administrative … », décrit Angeline Carlier, responsable des activités de lutte contre la précarité de l'association Autremonde.

Les conséquences pour les associations venant en aide aux personnes précaires et isolées ont été fulgurantes : selon Josepha Sabrié, vice-présidente de la même association, « toutes les activités sont en stand-by. »

L’association Autremonde, dont l’objet social est de maintenir un lien social, souffre particulièrement de la situation. Autremonde est en contact avec des personnes sans domicile, des demandeurs d’asile ou des migrants. « L’annonce du confinement a un peu tout chamboulé », renchérit Angeline. « Toute l’équipe est en télétravail. »

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Une plateforme d’aide aux associations

Le gouvernement a ouvert le 22 mars une plateforme en ligne pour recenser les bénévoles voulant aider des personnes âgées, isolées ou démunies, en cette période de crise du coronavirus. Cette aide se fera en lien avec les réseaux associatifs selon le secrétaire d'Etat chargé des associations, Gabriel Attal.

Les associations (Restos du Cœur, le Secours populaire, la Banque alimentaire, Emmaüs, les Petits frères des pauvres...) ont fait savoir ces derniers jours qu'ils manquaient de bras en raison de la crise sanitaire provoquée par l'épidémie. 

« Tous les français de moins de 70 ans peuvent s’inscrire »

Les jeunes en service civique et en service national obligatoire sont visés en priorité par la plateforme, mais « tous les Français de moins de 70 ans » qui ne souffrent d'aucune autre fragilité peuvent s'inscrire sur la plateforme, a indiqué à l'AFP Gabriel Attal.

« Actuellement 58.000 jeunes en services civiques ne peuvent pas continuer leurs missions à cause du Covid-19 et sont motivés pour aider les associations », a-t-il ajouté. Toutefois, il est rappelé que le respect des gestes barrière et de la distance de sécurité est indispensable.

« Missions vitales »

La plateforme propose d'aider pour "quatre missions vitales": "l'aide alimentaire et d'urgence"; la "garde exceptionnelle d'enfants" (enfants de soignants); le "lien avec des personnes fragiles isolées" (par téléphone, visio, mail avec des personnes âgées, malades ou en situation de handicap); et enfin la "solidarité de proximité" (courses pour les voisins les plus fragiles).

Pour celles de ces missions qui nécessitent de sortir, il faut remplir son attestation de sortie en cochant la quatrième case qui concerne l'assistance à personne vulnérable. Le respect des gestes barrière pendant toute la durée de l'assistance est également indispensable.

Aujourd'hui, des missions non-médicales, notamment d’accueil dans les hôpitaux publics ne "sont pas à l'ordre du jour" car la situation "ne suscite pas encore cette mobilisation", a précisé Gabriel Attal. Sur cette même plateforme, les associations déposent leurs besoins, appelés "offre de mission" ».

Pénurie de bénévoles

Les associations fonctionnent avec des bénévoles âgés, qui ont plus de 70 ans dans un tiers, voire la moitié des cas. A l'image des Restos du Coeur qui "ont perdu "un tiers soit 20.000 bénévoles" depuis le début de l'épidémie, a indiqué le président Patrice Blanc à l’AFP.

"Si cela peut faciliter l'arrivée de bénévoles plus jeunes c'est une bonne chose", a-t-il réagi, souhaitant une "réponse très locale, ville par ville ». 

Thierry Robert, directeur général du Secours populaire qui compte normalement 80.000 bénévoles, se réjouit de ce "point d'appui du gouvernement", même s'il réclame "surtout une "aide économique".

Protéger les bénévoles 

Habituellement, l’association Autremonde tient trois accueils par jour, en plus des accueils de rue et des maraudes, « mais les gens sur le terrain sont les bénévoles », rappelle Angeline. 

Josepha poursuit : « Il faut protéger ces bénévoles et les personnes qu’on aide. La préfecture veut nous confier des masques, on va voir selon les stocks. Même si ce qu’on fait est nécessaire, priorité aux hôpitaux. » L'association ne sait pas encore si elle va recourir à la réserve civique.

Coopération inter-association

Pour faire face à cette situation inédite, Autremonde ne prévoit pas de recourir à la réserve civique pour le moment. Elle est entrée en collaboration encore plus étroite avec d'autres associations, comme les Restos du Coeur ou les Enfants du Canal. Objectif : ne pas envoyer les bénévoles de différents organismes sur les mêmes lieux.

«  La coordination des maraudes et la fabrique de la solidarité recensent les besoins qu’on leur remonte », précise Angeline. « En effet, nous sommes en contact permanent avec la fédération des acteurs de la solidarité, qui regroupe beaucoup d’acteurs et fait beaucoup de veille ou de mises en relations d’associations », complète Josepha.

« Le but, c’est que le moins de gens possible soient dehors », poursuit la vice-présidente. « Cet élan d’envie d’aider et de solidarité est incroyable, et on espère que ça va rester après cette période, mais on ne veut mettre en danger personne. »

Diffuser des informations

Travailler avec des personnes isolées signifie également informer sur le confinement. « On informe sur l’attestation, on propose des traductions et on donne des informations sur ce qui reste ouvert. Par exemple où recevoir son courrier, où prendre une douche, où sont les distributions alimentaires », explique Angeline.

« Même si c’est incroyable de voir autant de personnes prêtes à se mobiliser, il faut le moins de personnes possible sur le terrain. Il en faut, mais attention aux règles de base ! On reste en confinement. Il faut éviter tous les risques de propagation », prévient Josepha.