Infarctus : la cigarette électronique sous l'oeil des chercheurs

Selon une étude nord-américaine relayée ces derniers jours dans la presse, parmi les non-fumeurs, les utilisateurs quotidiens d’e-cigarette seraient plus nombreux à avoir souffert d’un infarctus au cours de leur vie. Une étude à prendre avec beaucoup de précautions.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Infarctus : la cigarette électronique sous l'oeil des chercheurs

Jusqu’à présent, aucune étude répliquée n’a identifié de risque majeur à court terme pour la santé associé à la cigarette électronique. Mais de nouveaux travaux présentés mi-août dans l’American Journal of Preventive Medicine ont suggéré une "association" entre le vapotage et le risque d’infarctus. Un terme qu'il convient d'interpréter avec prudence !

Les auteurs de ces travaux se sont penchés sur les données d’enquêtes menées auprès de près de 70.000 adultes entre 2014 et 2016. Les personnes interrogées y rapportaient, entre autre chose, leurs habitudes tabagiques, des renseignements généraux sur la consommation de cigarette ou l’utilisation d’e-cigarette, et notaient si un professionnel de santé avait déjà diagnostiqué chez eux un épisode d’infarctus.

Résultats : dans la vaste cohorte étudiée, on recense (sans surprise) beaucoup plus de cas d’infarctus chez les fumeurs quotidiens, mais également un historique d’infarctus plus élevé chez les vapoteurs quotidiens. L’association statistique est nette, mais que signifie-t-elle vraiment ?

L'e-cigarette reste sous surveillance

Comme le notent les auteurs de l’étude, il n’est pas possible avec ces données de savoir si les infarctus mentionnés par les participants sont survenus avant qu’ils deviennent adeptes du vapotage. Ainsi, les données reflètent peut-être simplement le fait que les fumeurs victimes d’un infarctus sont plus nombreux à se tourner vers l’e-cigarette que les autres personnes de la cohorte...

Les chercheurs estiment toutefois qu'une telle propension des victimes d'un infarctus à passer au vapotage reste spéculative.

Pour eux, les données collectées incitent donc bien à la vigilance face à l'e-cigarette. De récentes études ont, notent-ils, suggéré des effets biologiques de l’utilisation de la cigarette électronique sur la dilatation des artères ou le stress oxydatif [1].

De l’opinion des auteurs, la corrélation nouvellement observée devrait inciter à ne pas promouvoir l’e-cigarette comme moyen d’abandonner le tabagisme. Pourtant, leurs données montrent bien que le taux d’infarctus rapporté est inférieur chez les vapoteurs comparé aux fumeurs.

Affaire à suivre…

Source : T. Alzahrani et al. "Association Between Electronic Cigarette Use and Myocardial Infarction." Am. J. Prev. Med. août 2018. doi: 10.1016/j.amepre.2018.05.004.


[1] R. Carnevale, et al. "Acute impact of tobacco vs electronic cigarette smoking on oxidative stress and vascular function." Chest. 2016; 150: 606–612 doi :10.1016/j.chest.2016.04.012.

R.S. Moheimani et al. "Increased cardiac sympathetic activity and oxidative stress in habitual electronic cigarette users: implications for cardiovascular risk." JAMA Cardiol. 2017; 2: 278–284 doi:10.1001/jamacardio.2016.5303.