Pompiers, policiers, militaires… Des métiers toujours interdits aux diabétiques

Malgré les progrès de la médecine, quelque 300 000 Français diabétiques de type 1 ne peuvent pas exercer certaines professions. Une interdiction jugée dépassée par les patients.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Hakaroa découvre qu’il est diabétique de type 1 à 12 ans. Aujourd’hui, trois ans plus tard, il a appris à vivre avec sa maladie. Il surveille sa glycémie et parvient à continuer la course à pied, sa passion. Plus tard il aimerait se tourner vers des métiers avec de l’activité physique mais certaines portes lui restent fermées à cause de son diabète.

« Après ma sortie de l’hôpital, j’ai appris sur internet que des métiers sont interdits comme policier, pompier, militaire et tous les métiers de surveillance de la fonction publique donc je me suis demandé pourquoi on m’interdisait ces métiers », s’indigne Hakaroa Vallée. « Maintenant avec les avancées technologiques comme les capteurs, les pompes, on arrive très bien à surveiller. Pourquoi on nous interdit des métiers alors que la science a beaucoup évolué ? »

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« J’ai eu l’impression que mon monde s’écroulait »

La loi est stricte : toutes les professions où l’on doit assurer la sécurité d’autres personnes sont interdites aux diabétiques traités par injection d’insuline. Ceux qui exercent déjà ces métiers quand la maladie se déclare peuvent être déclarées inaptes.

Cette réalité a rattrapé Magali. Elle était pompier depuis 9 ans quand son diabète est survenu. « J’ai eu l’impression que mon monde s’écroulait car j’étais déjà sapeur-pompier depuis un certain nombre d’années, maman d’une petite fille que j’élevais seule et c’est vrai qu’au fur et à mesure de mes recherches sur mon diabète j’ai découvert que mon métier était interdit aux diabétiques à l’entrée et que ma pathologie, le diabète insulino-dépendant, entraînait des restrictions d’aptitude et la possibilité de perdre son emploi. »

La jeune femme est déclarée inapte opérationnelle. Elle ne peut plus intervenir sur les incendies. « Ça n’a pas été une période facile parce qu’il y a déjà l’acceptation, et puis parce qu’il faut faire le deuil d’une certaine partie de son métier. »

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Une loi ancienne

Cette interdiction a pour but d’éviter que le professionnel ne soit un danger pour lui-même, ou pour les autres, en cas de d’hypo ou d’hyperglycémie. La loi date des années 60. Elle n’a jamais été amendée depuis malgré les progrès scientifiques.

Une incompréhension pour ce lieutenant sapeur-pompier : « Aujourd’hui avec les capteurs de glycémie, les pompes à insuline et le pancréas artificiel qui arrivent, on a la capacité de pouvoir anticiper et d’éviter l’hypoglycémie. À titre personnel, je n’ai jamais fait d’hypoglycémie sévère dans ma vie personnelle ou professionnelle et aujourd’hui je pense qu’il n’y a plus lieu d’imposer ces restrictions. »

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Des risques à ne pas prendre à la légère

Aujourd’hui les diabétiques espèrent faire évoluer la loi. C’est déjà le cas aux États-Unis par exemple, où le métier de pompier est accessible. Mais certains médecins restent réservés.

« Malheureusement, il y a des inconvénients qu’il faut souligner et qu’il ne faut pas minimiser, sous peine de faire croire aux patients qu’ils peuvent faire n’importe quoi. Ces risques, c’est le déséquilibre du diabète notamment l’hypoglycémie, lorsque le sucre dans le sang baisse, ce qui peut entraîner un malaise, un coma, ou un trouble du comportement », explique le Pr Bernard Bauduceau, endocrinologue et membre de la Société francophone du diabète. « Si on est dans une situation à risque, comme un pompier en haut de l’échelle, s’il fait un malaise ça peut induire un accident grave. »

Un assouplissement pourrait néanmoins être envisagé au cas par cas et pour les postes les moins exposés.