Les malades chroniques, "victimes collatérales" des déprogrammations

Les déprogrammations de soin massives mises en place pour répondre à l’afflux de patients covid ont des conséquences délétères sur la santé physique et mentale des malades chroniques, alertent aujourd'hui les associations de patients.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image d'illustration.  —  Crédits Photo : © Shutterstock / IMC11

Anxiété, perte de chances, surmortalité… Les malades hors covid ne veulent pas être les "victimes collatérales" des déprogrammations de soins alertent aujourd’hui les associations de patients.

Dans une tribune publiée dans Le Monde ce 6 avril, 27 associations de malades à risque de forme grave du covid s’alarment : "Nous subissons tous les retards, les déprogrammations, les annulations, les pertes de chances, la dégradation de notre santé physique et mentale."

80% de déprogrammation

Car pour face à la nouvelle flambée de covid, les déprogrammations sont massives. Elles devraient atteindre 80% dans les hôpitaux d’Ile-de-France, a déjà prévenu le ministre de la Santé Olivier Véran. Une décision nécessaire pour libérer des lits de réanimation et du personnel hospitalier afin de prendre en charge l’afflux de patients covid.

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Davantage d’impact chez les malades chroniques

Mais ces déprogrammations "en cascade", comme les qualifie la Fédération hospitalière de France, ne peuvent "perdurer plusieurs semaines sans conséquences majeures sur la santé publique".

Et "chez les malades chroniques, les déprogrammations ont beaucoup plus d'impact" que chez les autres patients, déplore le docteur Jean-Pierre Thierry, conseiller médical de France Assos Santé. Un impact sur la santé physique mais aussi psychologique : "Avec les déprogrammations, les gens se sont sentis abandonnés. Quand on est un malade chronique suivi régulièrement, c'est hyper anxiogène" résume-t-il.

Un millier de greffes de rein n’ont pas eu lieu

Un des secteurs les plus touchés par les déprogrammations est la cancérologie. Pour le professeur Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer, 100.000 retards de diagnostic du cancer ont été enregistrés depuis le début de la crise sanitaire avec pour conséquence une surmortalité de 13.500 personnes. "Derrière ces chiffres, il y a des douleurs, des détresses. C'est intolérable."

Mais le cancer n’est pas la seule maladie concernée. Selon des chiffres de l'Agence de la biomédecine, sur les 10,5 premiers mois de 2020, les greffes rénales ont baissé de 29% par rapport à 2019. Et plus d'un millier de transplantations rénales n'ont pas eu lieu en 2020.

Des mesures fortes pour freiner l’épidémie

"Nous n’acceptons pas que nos vies soient délibérément sacrifiées" insistent aujourd’hui les 27 associations signataires de la tribune. Face à des restrictions sanitaires qui ne "permettent pas et ne sont pas destinées à (les) protéger", ces malades chroniques exigent que "soient prises sans délai les mesures qui ont déjà fait leurs preuves et qui sont les seules à même de freiner rapidement l’épidémie".

"Le retour à un niveau faible de circulation du virus doit permettre une reprise de contrôle, l’instauration de dispositifs « tester-tracer-isoler » efficaces, et la poursuite d’une campagne de vaccination rapide et ambitieuse" conclut la tribune.