Une IRM innovante pour mieux comprendre les troubles de la marche

L'imagerie par résonance magnétique (IRM) est un appareil très lourd, qui peut peser autour de 40 tonnes. Il est donc évidemment impossible de le déplacer. Une équipe de chercheurs s'est pourtant lancé le défi d'étudier la façon dont des zones du cerveau s'activent quand une personne est en mouvement.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Une étude est actuellement menée pour comprendre le lien entre les troubles cognitifs et les troubles de la marche. "Les troubles de la marche peuvent être périphériques, c'est-à-dire qu'ils peuvent relever d'un problème de muscle, d'os ou de nerf, mais ils peuvent aussi dépendre d'un problème plutôt cérébral. Il y a un certain nombre de pathologies qui ont comme corollaire des troubles de la marche. Par exemple, 25% des patients qui ont une maladie d'Alzheimer ont des troubles de la marche", explique le Dr Mickaël Dinomais, médecin physique et de réadaptation.

Après avoir effectué des tests de marche, le patient doit subir une IRM un peu particulière car il doit la faire en marchant. "Pour des raisons techniques, on ne peut pas faire marcher quelqu'un réellement avec une IRM sur la tête. Nous nous sommes donc adaptés pour essayer de comprendre et de connaître les activations du cerveau lorsqu'un sujet est en train de marcher", précise le Dr Dinomais.

Et pour que le patient ne marche pas avec une IRM sur la tête, l'équipe de chercheurs s'est procuré un simulateur de marche directement importé de Moscou. Des chaussures initialement conçues pour les cosmonautes russes. Elles leur servaient à ne pas perdre la sensation de marche en état d'apesanteur : "C'est une chaussure pneumatique qui envoie de l'air par des tuyaux de façon alternative au niveau du talon et au niveau de la plante du pied pour donner l'impression d'un déroulé du pas", précise le Dr Dinomais.

L'examen dure environ 45 minutes et se déroule en trois temps. Tout d'abord, une IRM classique qui permet d'établir une cartographie neutre du cerveau du patient. Ensuite, l'IRM fonctionnelle fait intervenir les fameuses bottes simulatrices. Grâce aux données enregistrées préalablement sur un tapis de marche, le patient reçoit des pulsions dont la cadence est identique à son rythme habituel. À ce moment-là, l'IRM enregistre l'activation du cerveau du patient quand il marche. Pour la troisième séquence, les bottes sont à l'arrêt. Cette fois-ci, c'est l'imagination du patient qui fait tout le travail. Il a été démontré que quand une personne imagine une tâche, les activations cérébrales sont les mêmes que quand elles la réalisent réellement.

"Nous avons déjà étudié les sujets sains. On montre certaines régions importantes dans la marche. On va voir chez nos sujets qui ont des troubles cognitifs si cette région est bien déficitaire en terme d'activation, ce qui explique leur trouble de la marche. Et dans un avenir un peu plus lointain, on pourra aller voir comment on pourrait essayer de préserver cette région", explique le Dr Dinomais. À terme, cette étude pourrait ainsi améliorer la rééducation chez les enfants et les adultes atteints de troubles de la marche.