Handisport : Eric Dargent en haut de la vague

Victime d’une attaque de requin qui l'a privé de sa jambe gauche, Eric Dargent n’a jamais renoncé à sa passion. Grâce à une prothèse adaptée, il est même devenu Champion de France et vice-champion du monde de parasurf.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Il y a 9 ans, Eric quitte Martigues, sa ville natale pour s’installer en famille à la Réunion. La Méditerranée est trop petite, il a envie d’ailleurs. Changer de vie. Surfer. Encore. Mais dans l’eau, il est victime d’une attaque de requin. "Je suis passé très proche de la mort, ma jambe a été littéralement arrachée. J’ai vécu ce moment de flottement où je pouvais partir, je pouvais rester. Et puis je me suis raccroché, à tous les sons, au bruit de l’eau, aux odeurs".  

Comment trouver l'équilibre ?

Eric perd sa jambe gauche, mais il survit. Il ne pense qu’à une chose : surfer. Il passe par plusieurs centres de rééducation. Les équipes médicales l’encouragent. L’alertent aussi : amputé au-dessus du genou, il risque de ne jamais trouver l’équilibre dans l’eau. Mieux vaut peut-être choisir un sport en fauteuil. Eric, lui, s’accroche à son rêve, et le réalise. 

Vice-champion du monde de parasurf

En mars 2020, il est sacré pour la troisième fois vice-champion du monde de parasurf. Mais il a fallu beaucoup de travail avant de trouver la prothèse qui a rendu possible tous ces exploits. "On m’a d'abord prêté un genou fait pour la marche mécanique. J'ai commencé à resurfer avec mais ça n’allait pas, le mouvement n’était pas bon, il se pliait trop vite, je chutais, je criais dans l’eau de rage, de frustration", raconte le sportif.

Un genou amovible fixé à un amortisseur de VTT

Pendant plusieurs années, Eric et son prothésiste ajustent, bidouillent, tâtonnent. Ils finissent par développer un système ingénieux. Un genou amovible fixé à un amortisseur de VTT. "Si le genou se dérobe, le surfeur tombe. Il faut donc le stabiliser. Et ce système-là, géométrique, est doté d’un vérin hydraulique réglable. Il s’adapte en fonction de la technique du surfeur, de son poids, de la longueur de son segment résiduel", précise Bertrand Tourret-Courderc, le prothésiste d'Eric.

"Cette prothèse, c'est un peu un couteau suisse"

Après un accident de moto qui l’a privé de sa jambe, Renaud, lui a d'abord renoncé au sport. Mais 15 ans plus tard, Bertrans Tourret-Couderc lui fait essayer ce genou multisport. C'est la révélation. "Cette prothèse, c'est un peu un couteau suisse. Pouvoir embarquer sa prothèse dans sa valise quand on part à l’étranger sans savoir ce qu’on va faire, du vélo, du surf, du paddle, du tennis... On est libre, et on a plus 8 prothèses pour 8 sports différents. On en a une seule et on l’adapte à chaque fois".

Une association pour promouvoir cette prothèse

Depuis qu’il a renoué avec la glisse, Eric a créé une association, Surfeur Dargent, pour que d’autres puissent bénéficier de cet appareillage. Aujourd’hui encore, seules les prothèses de marche sont remboursées. Les sportives restent très couteuses. Grâce à elles pourtant, tout devient possible : " Le handicap est là, il est présent, je ne pourrai pas retourner en arrière, allons de l’avant. Il y a la sensation de faire du sport mais aussi ce dépassement de soi et de se sentir vivant. Ce truc-là d’être là, d’être encore présent, de profiter de ce qu’on peut c’est énorme".