Baignades urbaines : quels sont les risques ?

Pour permettre aux Parisiens et aux visiteurs de se rafraîchir, une zone de baignade gratuite sur le bassin de la Villette est proposée par la mairie à partir de ce lundi 17 juillet. Plusieurs bassins seront surveillés tous les jours entre 11 heures et 21 heures.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Une forte concentration d'entérocoques a obligé la mairie de Paris à fermer le bassin de la Villette.
Une forte concentration d'entérocoques a obligé la mairie de Paris à fermer le bassin de la Villette.

Baignades urbaines : à vos maillots !

Les baignades urbaines dans les canaux restent illégales car elles ne sont pas surveillées. Ecluses, passages de bateaux, sortie de l'eau non aménagée… sont des dangers potentiels pour les baigneurs inexpérimentés.

Des risques sanitaires

Côté hygiène, depuis les années 80, grâce à des progrès de traitements des eaux usées, la qualité des cours d'eau de la capitale s'améliore. Ces dernières années, des analyses sont régulièrement effectuées. Les autorités recherchent essentiellement les bactéries qui pourraient provenir d'une contamination par des matières fécales comme Escherichia coli ou les entérocoques. Des bactéries qui peuvent provoquer des maladies.

"Quand on se baigne, trois types de pathologies peuvent survenir. Il y a les pathologies par voie aérienne, c'est-à-dire que l'on va respirer des microgouttelettes avec des pathogènes. Il y a la voie cutanée, dans ce cas on va être en contact avec des pathogènes qui vont infecter la peau. La troisième voie est la voie digestive. On va boire de l'eau qui contiendra des micro-organismes pathogènes et on développe principalement des gastro-entérites qui est l'un des risques principaux lors des baignades", explique Laurent Moulin, microbiologiste.

Les cours d'eau peuvent être contaminés par des rejets provenant de stations d'épuration, d'habitations mal reliées au réseau d'assainissement ou encore des péniches qui pourraient déverser leurs eaux usées dans les canaux. Mais dans le bassin de la Villette et dans le canal de l'Ourcq, elles n'ont plus le droit de le faire.

Une qualité de l'eau conforme aux normes européennes

Aujourd'hui, la qualité des eaux du bassin de la Villette et du canal de l'Ourcq est conforme aux normes européennes de baignade. C'est notamment ce qui  a permis l'organisation d'une compétition, l'Open Swim Stars, en juin 2017. Plus de 1.000 athlètes se sont affrontés sur des distances de 5, 2 ou 1 kilomètres. Dans les prochaines années, la ville de Paris espère ouvrir une deuxième zone de baignade dans un lac du bois de Vincennes. De quoi permettre aux Franciliens de se rafraîchir à proximité de leur domicile, notamment en période de canicule.

Les zones de baignade du bassin de la Villette sont bien délimitées et surtout, elles sont surveillées. La baignade en dehors de ces zones à Paris comme en banlieue est illégale et vous expose, en plus des risques d'accidents liés au passage d'un bateau ou à l'ouverture d'une écluse, à une amende de classe 1.

Se baigner dans la Seine : un vieux rêve

Anne Hidalgo, maire de Paris, a promis que si les JO de 2024 se déroulaient à Paris, des épreuves auraient lieu dans la Seine. Lors de la grande opération de promotion des JO à Paris, des athlètes se sont d'ailleurs baignés dans la Seine. Mais juste une heure. Rien à voir avec des baignades prolongées et régulières. En 2013, le triathlon de Paris avait été annulé car les eaux avaient été jugées trop sales.

Se baigner dans la Seine, du rêve à la réalité ?

L'idée de se baigner dans la Seine n'est pas nouvelle. En 1990, Jacques Chirac, invité de France 3 dans l'émission "La marche du siècle", réitère une promesse de campagne en 1988 : "J'affirme que l'on peut rendre un fleuve propre et dans trois ans, j'irai me baigner dans la Seine, devant témoins, pour montrer que la Seine est devenue un fleuve propre", déclare-t-il à l'époque. Mais personne ne l'a jamais vu se baigner dans la Seine.

Pourtant, on s'est baigné dans la Seine, avant la Première Guerre mondiale. Les jours de forte chaleur, on plonge des ponts, on organise des courses de natation… Mais en 1923, la baignade est interdite. On continuera cependant à se baigner, illégalement jusque dans les années 1950. Quelques dizaines d'années plus tard, Bertrand Delanoë alors maire de Paris, trouve la parade : il permet la baignade non pas dans la Seine, mais sur la Seine, en installant une piscine dans le XIIIe arrondissement sur le fleuve.

Que risque-t-on à se baigner dans la Seine ?

En cas de baignade dans la Seine, on risque tout d'abord une amende de 38 euros. De plus, la Seine est polluée notamment par les rejets d'eaux usées et par les eaux de pluie qui ruissellent dans un environnement urbain. Et selon le ministère de la Santé, cela peut conduire à des affections de santé, le plus souvent bénignes, soit par contact cutané, soit en avalant de l'eau. Parmi les infections, le baigneur peut attraper une gastro-entérite due à une pollution biologique d'origine fécale, ou la leptospirose, une maladie bénigne transmise par des rongeurs se baignant dans l'eau. Il peut aussi contracter des amibes ou la puce du canard.

Pour le moment, il est difficile de savoir si se baigner dans la Seine sera possible en 2024. Les concentrations de polluants sont en dessous des seuils qui permettent la baignade 30 à 50% du temps.  Et selon un responsable du service expertise du SIAAP, l'instance responsable de l'assainissement de l'eau en Ile-de-France, la qualité de l'eau de la Seine "n'a jamais été aussi bonne depuis quarante ans". En témoigne le retour de nombreuses espèces de poissons dans la Seine. Peut-être que pour des épreuves sportives, cela sera possible mais pour des baignades prolongées, il faudra refaire le point en 2024.