Foot : les frappes de la tête plus dangereuses pour les femmes

Mesdames, le foot, vous en avez plein la tête ? Vous ne croyez pas si bien dire... D'après une étude américaine, les jeux de tête au football provoqueraient davantage de lésions cérébrales dans la gent féminine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Frapper le ballon de la tête provoquerait cinq fois plus de lésions cérébrales chez les femmes
Frapper le ballon de la tête provoquerait cinq fois plus de lésions cérébrales chez les femmes  —  Photo credit : University of the Fraser Valley on Visual Hunt / CC BY

À trop taquiner le cuir, on pourrait y perdre la tête. Et particulièrement les femmes. Sur les terrains de foot, frapper le ballon avec le crâne provoquerait en effet cinq fois plus de lésions cérébrales chez les joueuses que chez leurs homologues masculins. C'est ce que révèle une étude publiée par la Radiological Society of North America (RSNA).

49 footballeuses et 49 footballeurs, âgés de 18 à 50 ans, ont participé à cette expérience. Les chercheurs ont utilisé une technique avancée d'imagerie par résonance magnétique (IRM) : l'imagerie par tenseur de diffusion. Elle permet de détecter et de quantifier des anomalies de la substance blanche, ces tissus nerveux situés dans la moelle épinière et dans l'encéphale, qui nourrissent et protègent les cellules nerveuses.

Au cours de l'année précédente, les deux groupes ont effectué un nombre de têtes similaire : 487 en moyenne pour les hommes, 469 pour les femmes.

Les analyses ont montré que "le volume de matière blanche endommagée chez les joueuses était cinq fois plus important que chez les joueurs", précise Michael Lipton, professeur à la faculté de médecine Albert Einstein à New York, et auteur principal de cette étude.  

Les femmes présentaient par ailleurs huit régions cérébrales au sein desquelles la matière blanche était affectée, contre trois seulement chez les hommes. Mais aucune n'a signalé une quelconque altération des capacités cognitives.

L'étude n'explique pas ces différences, mais elles pourraient être dues à des facteurs hormonaux, à une moins bonne résistance du cou, ou à la génétique.

Elle ne suprend pas en tout cas le Dr Jean-François Chermann, neurologue spécialiste des commotions cérébrales. Avec son équipe, il a étudié les facteurs de risque des syndromes post-commotionnels prolongés. Autrement dit, "pourquoi les maux de tête, la fatigue, les éventuels troubles de la mémoire survenant après une commotion cérébrale, durent quelques jours pour certains, quelques mois pour d'autres. Il semblerait que chez les femmes, les jeunes de moins de 15 ans ou les personnes ayant subi plusieurs commotions en moins de trois mois, ces syndromes persistent plus longtemps".

"Ce qui est particulièrement intéressant, c'est de montrer que des "mini" traumatismes légers répétés peuvent induire des lésions de la substance blanche à l'imagerie cérébrale. Même quand ils sont minimes et qu'ils ne déclenchent pas de vraies commotions. Car quand un joueur frappe volontairement une balle de la tête, il a rarement de commotion, puisqu'il s'est préparé à recevoir cette balle. Les commotions cérébrales arrivent plutôt lorsqu'un joueur reçoit un ballon inopinément. Qu'adviendra-t-il à long terme de ces lésions ? Ca, personne ne peut répondre", explique Jean-François Chermann.

Dans une précédente étude, Michael Lipton indiquait qu'il fallait tout de même enregistrer 1.800 frappes de la tête par an avant d'observer des anomalies cérébrales. Pour prévenir d'éventuels traumatismes, Jean-François Chermann conseille de "réaliser moins de jeux de tête à l'entraînement, d'utiliser un ballon moins gonflé, ou un ballon en mousse". En tout cas, c'est certain, la frappe de la tête reste un incontournable du football et elle ne disparaîtra pas de sitôt.