Psychologie positive : le bonheur à tout prix ?

Depuis une dizaine d'années, la psychologie positive a envahi nos bibliothèques, les écoles, les entreprises... S'agit-il d'une nouvelle utopie ou d'un produit marketing ? Faut-il absolument être heureux... et à quel prix ? Explications.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Tout le monde aspire au bonheur. Pour l'atteindre, certains choisissent le sport, la méditation, d'autres militent dans une association ou changent de vie. De plus en plus de monde se tourne également vers la psychologie positive. Depuis une dizaine d'années, cette discipline a le vent en poupe.

La psychologie positive est née à l’aube des années 2000 aux États-Unis et présentée comme la science du bonheur. Pour cette discipline, un seul credo : le bonheur, ça se travaille. Il suffit de connaître ses forces pour mieux s'épanouir. Le bonheur ne serait donc plus un idéal philosophique mais un objectif facilement accessible. La méthode est simple et le business florissant.

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Littérature, spiritualité mais aussi santé, coaching et même diététique... Pour les maisons d'édition, la quête du bonheur se décline à toutes les sauces. Encouragée par des coachs survitaminés, la recherche du mieux-être tourne à l'obsession. Loin de la démocratisation espérée, l'injonction au bonheur prend alors des airs de dictature. "La dictature du bonheur se manifeste en chacun. Dans pratiquement toutes les consultations, il y a une pression. On a l'impression que le sujet lui-même se met cette pression. La famille, la société, les médias... poussent chacun à être au mieux, ne pas se montrer déprimé, ne pas montrer ses faiblesses...", explique le Dr Gérard Tixier, psychiatre et psychanalyste.

Avec la psychologie positive, le bonheur est finalement perçu comme un choix personnel. A l'inverse, les personnes malheureuses seraient donc responsables de leur souffrance. Un échec difficile à assumer. Être heureux ne serait plus une aspiration mais bien une obligation. Et la psychologie positive serait un moyen de mieux supporter les causes de nos problèmes au lieu de les combattre : "La société peut nous empêcher de déprimer car on a constamment besoin d'être adapté et adaptable à des conditions sociales de plus en plus difficiles. La psychologie positive serait une façon de créer de la résilience face à des conditions de vie qui nous insécurisent constamment", précise Eva Illouz, sociologue.

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Pas de quoi faire l'éloge de la déprime pour autant. La sociologue ne critique pas la soif de bonheur. Pour le trouver, elle nous invite à construire une meilleure société et pas seulement une version positive de nous-mêmes.