Psycho : êtes-vous hystérique ou obsessionnel(le) ?

Qu'est-ce qu'une névrose ? Comment différencier une névrose hystérique d'une névrose obsessionnelle ? Quels sont leurs symptômes ? Les explications avec Sophie Cadalen, psychanalyste.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
"Névrose : hystérie ou obsession ?", chronique de Sophie Cadalen, psychanalyste, du 10 avril 2018
"Névrose : hystérie ou obsession ?", chronique de Sophie Cadalen, psychanalyste, du 10 avril 2018
  • Qu'est-ce qu'une névrose ?

La névrose est la conséquence, ou l'expression, d'un conflit psychique entre ce que Freud appelait le "moi" et les pulsions sexuelles. Un conflit inévitable puisque les pulsions sexuelles sont réfractaires à toute éducation et ne visent que le plaisir. Alors que le "moi" a le souci de sa sécurité, il est soumis aux nécessités du monde réel, à la pression des parents et les exigences de la civilisation. Il y a névrose quand le moi refoule (trop, mal) les pulsions sexuelles au lieu de les contrôler.

  • Comment se manifestent les névroses ?

Les névroses ne se manifestent pas toutes de la même manière. Au-delà des phobies et de l'hypocondrie, Freud a distingué deux formes spécifiques de névroses : les névroses obsessionnelles et les névroses hystériques. Ces conflits trouvent leur origine dans l'enfance, elles ont toutes les deux à voir avec un rapport au grand "autre", expression de Lacan, c'est-à-dire une autorité toute puissante : d'abord les parents, puis Dieu pour certains. C'est un "au-dessus" dont on a l'impression qu'il nous juge, il nous donne l'impression de décevoir, de ne pas être à la hauteur, de ne pas être légitime.

  • L'hystérie ne concerne-t-elle que les femmes ?

L'hystérie est propre à la position féminine, tandis que la névrose obsessionnelle est propre à la position masculine. Freud la qualifiait de position passive en opposition à la position active, positions que nous occupons tous alternativement que l'on soit homme ou femme. Dans le meilleur des cas.

Dans la position dite féminine, ou passive, on s'en remet à l'autre, on attend de l'autre. Dans l'autre position, on tente de répondre, activement, à la demande supposée de l'autre. L'obsessionnel en ce sens a le profil du bon élève (jamais assez bon), l'hystérique lui veut être aimé par le maître pour que celui-ci l'élève.

  • Névrose obsessionnelle, névrose hystérique : quels sont les symptômes ?

Les symptômes sont somatiques chez l'hystérique, c'est-à-dire que c'est le corps qui les incarne, qui parle. Les conflits se traduisent par des maux de ventre, le dos qui bloque, de l'eczéma en période de stress... Le corps exprime à sa façon le blocage inconscient. Chez l'obsessionnel, tout passe par le mental. Il cogite, analyse, décortique, tourne en rond souvent, il fait des fixations, sans que sa pensée débouche sur quelque chose de constructif, sans qu'à la clé, il agisse forcément.

  • Hystériques et obsessionnels ont-ils les mêmes angoisses ?

L'angoisse de l'hystérique est de ne plus être aimé, l'angoisse de l'obsessionnel est de ne pas répondre à la demande de l'autorité. Une autorité pas forcément concrète, ni rationnelle. L'hystérique est anéanti s'il a l'impression d'avoir perdu l'amour de l'autre. L'obsessionnel se défait s'il n'est pas reconnu, adoubé, il peut aussi avoir à l'inverse un rapport difficile à toute autorité, en la défiant, en s'y cognant.

  • Hystériques et obsessionnels ont-ils la même expression ?

L'hystérique revendique sa subjectivité, son expression est plus "théâtrale", plus bruyante. Beaucoup d'artistes ont d'ailleurs des traits hystériques, d'où le besoin de se faire remarquer et d'être aimés par le plus grand nombre. Le névrosé obsessionnel tente lui d'abolir la subjectivité, il dit "on", "c'est comme ça"... Il préfère les règles générales aux désirs particuliers. Sa névrose est plus dissimulée puisqu'il ne la met pas en scène.

  • Est-on forcément hystérique ou obsessionnel ?

On est souvent un peu de chaque (on se sera tous reconnus dans l'une ou l'autre des descriptions), et pas forcément tout le temps. La névrose réclame d'être traitée quand elle nous empêche de vivre, et de nous réaliser, quand on est par elle "attaché".