Prothèses PIP : suspectées depuis plus de dix ans...

Les autorités sanitaires américaines avaient averti dès 2000 Jean-Claude Mas, fondateur de la société PIP, qu'elles suspectaient certaines de ses prothèses d'être "frelatées"… Un avertissement qui avait entraîné la même année, la fin de la commercialisation de ces implants salins aux États-Unis.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Prothèses PIP : suspectées depuis plus de dix ans...

De "graves violations dans le processus de fabrication de prothèses mammaires remplies de solution saline". C'est par ces termes qu'un enquêteur de la FDA avait ponctué son compte-rendu, dès mai 2000, suite à son inspection dans les locaux de la société PIP. Inquiétant.

Entre le 11 mai et le 17 mai 2000, la FDA (Food and Drug Administration) avait dépêché un de ses enquêteurs dans l'usine PIP, située à La Seyne-sur-Mer (Var), pour inspecter le processus de production des prothèses du groupe. Cette inspection avait alors révélé que les implants mammaires étaient "frelatés", indique la lettre de la FDA. Dans ce courrier, on cite onze "violations dans les méthodes utilisées, les locaux et les installations qui ne sont pas conformes aux pratiques de production de référence". Parmi ces violations, la FDA cite "l'incapacité à établir et à maintenir des procédures de vérification" de la conformité des prothèses aux objectifs de qualité.

L'inspecteur de la FDA reprochait aussi à PIP de ne pas avoir signalé à l'agence américaine, comme le veut la loi, l'existence d'une centaine de plaintes déposées en France à propos de ces prothèses de janvier 1997 à 2000, ainsi qu'au moins vingt plaintes en provenance d'autres pays durant la même période.

Même si ces implants mammaires remplis de solution saline diffèrent des autres prothèses mammaires, également produites par PIP utilisant des gels de silicone, et pour lesquelles le gouvernement français a recommandé aux femmes en portant "un retrait à titre préventif", l'alerte donnée par la FDA dès 2000 aurait pu (dû) faire caisse de résonance en France.

Aujourd'hui, certains experts, mandatés par les associations de victimes, estiment que les chirurgiens plasticiens n'ont pas fait leur travail de prévention, et qu'ils ont peut-être également une part de responsabilité dans ce nouveau scandale sanitaire.

En France, il y aurait plus de 30 000 femmes porteuses d'implants mammaires de la marque PIP. Le retrait des prothèses pourrait coûter à la Sécu près de 60 millions d'euros.

Par ailleurs, le parquet de Marseille a reçu la plainte contre X déposée par la Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam), dans le cadre de l'instruction ouverte à l'encontre de la société PIP, productrice d'implants mammaires.

"Par cet acte, la Cnam se porte partie civile en attendant que les responsabilités soient établies dans cette affaire", a-t-on précisé.

 

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