Prévention VIH/Sida : le préservatif négligé ?

Des enquêtes réalisées auprès de la population guadeloupéenne, martiniquaise et guyanaise - considérées comme des populations à risques - ont mis en lumière un changement des mentalités sur l'intérêt des préservatifs dans la prévention du sida entre 2004 et 2011. Ces études publiées dans le dernier Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) s'opposent aux pratiques qui tendent vers une augmentation de l'utilisation du préservatif dans ces mêmes pays.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Prévention VIH/Sida : le préservatif négligé ?

Sous-estimation de l'efficacité du préservatif dans la prévention du sida

A l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida qui aura lieu le 1er décembre 2013, l'Institut national de Veille Sanitaire (InVS) consacre son Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) aux populations les plus exposées à cette épidémie.

D'après l'enquête KABP DFA parue dans le BEH, les habitants de Guadeloupe, Martinique et Guyane - départements français d'Amérique (DFA) - sous estiment l'efficacité du préservatif dans la prévention du sida, de façon plus importante en 2011 par rapport à 2004. En effet, 57,1% des habitants des DFA interrogées estimaient que le préservatif est un moyen "tout à fait efficace" en 2011, contre 68,9% en 2004.

70,1% d'entre eux soutenaient en 2011 que faire un test de dépistage était une manière "tout à fait" ou "plutôt" efficace pour prévenir la contamination du sida, contre 63,2% en 2004. Les auteurs de l'étude attribuent ce changement d'attitude entre 2004 et 2011 aux campagnes de prévention diffusées depuis le début des années 2000 qui ont plutôt poussé les personnes à considérer le dépistage comme un meilleur moyen de prévention plutôt que le préservatif.

Ce changement de mentalité a-t-il influencé les pratiques ?

Même si les nouvelles trithérapies diminuent fortement le risque de transmission du VIH en diminuant la charge virale, elles ne permettent pas d'éradiquer complètement le virus et le risque n'est pas complètement nul.

Malgré les résultats de cette enquête, et fort heureusement, l'utilisation du préservatif des habitants des DFA a vu une légère hausse, passant de 35,3% en 2004 à 39,9% en 2011.

D'après l'Enquête presse gays et lesbiennes 2011 (EPGL), l'usage systématique du préservatif est en baisse depuis 2000 dans la population d'homosexuels, quelque soit le statut sérologique des personnes interrogées. Sur les 1.333 séropositifs interrogés en 2011 et ayant eu au moins un partenaire occasionnel les 12 derniers mois, seulement 18% utilisaient systématiquement le préservatif lors des pénétrations anales.

Espérons que la Journée mondiale de lutte contre le sida permette de sensibiliser à nouveau les populations sur le préservatif, moyen le plus efficace pour se protéger du VIH, pour ne pas tendre vers une majoration de l'incidence du sida. Les auteurs préconisent une "prévention combinée" associant l'usage du préservatif, l'incitation du dépistage et l'offre de traitements.

Source : Comportements à risque et prévention dans les populations particulièrement exposées au VIH, aux IST et aux hépatites. BEH N° 39-40. 26 novembre 2013. INVS.


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