Orgasme : une IRM pour connaître le chemin du plaisir

En dévoilant grâce à l'IRM le chemin du plaisir dans le cerveau, l'équipe du Pr. Barry Komisaruk, de l'Université Rutgers dans le New Jersey, espère ainsi pouvoir aider les femmes qui ne parviennent pas à atteindre l'orgasme...

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

"J'ai eu un orgasme dans une IRM !"

Et pour y parvenir, Kayt Sukel s'est entraînée pendant 15 jours. Pourquoi ? Pour la science. Une étonnante expérience qu'elle a racontée au journal The Guardian. "Je me suis portée volontaire pour aider le légendaire chercheur sur l'orgasme de l'Universite Rutgers : Barry Komisaruk." L'équipe de ce psychologue travaille sur ce thème très particulier depuis des années. Ils ont ainsi publié La science de l'orgasme en 2006 et Guide de réponses sur l'orgasme en 2009.

Leur objectif est aujourd'hui de réussir à voir précisément ce qui se produit dans le cerveau au moment où une femme atteint le septième ciel. Les volontaires doivent être, comme Kayt, vraiment motivées. Il faut en effet réussir à s'extraire de l'environnement assez hostile et bruyant de l'IRM… Il faut aussi, comme elle, s'entraîner pour ne pas trop bouger la tête au moment crucial !

Le résultat est assez spectaculaire. La succession des clichés réalisés toutes les 2 secondes devient le film du plaisir dans le cerveau où s'activent 80 régions différentes.

"L'objectif général de cette recherche est de comprendre comment l'orgasme naît à partir d'une stimulation génitale et quelles parties du cerveau sont mobilisées pour finalement construire l'orgasme", a expliqué à son tour le Pr. Komisaruk au quotidien britannique. Et les images montrent que tout commence, sans surprise, dans une zone sensorielle reliée aux organes génitaux. Ensuite, l'activité se diffuse dans le système limbique à travers une suite de structures neurologiques impliquées dans les émotions et la mémoire à long terme…

Au meilleur moment, c'est l'hypothalamus qui "s'allume" particulièrement et produit de l'ocytocine, facteur de sensations agréables et de contractions utérines. Une aire liée à la récompense et au plaisir est aussi fortement activée.

Grâce à ce décryptage, les chercheurs, souhaitent surtout trouver le moyen d'aider celles qui ne parviennent pas à atteindre l'orgasme. "Nous espérons que le film obtenu va faciliter notre compréhension des situations pathologiques, comme l'anorgasmie, en dévoilant où le processus s'interrompt alors dans le cerveau", poursuit le Pr. Komisaruk.

Son équipe n'en est pas à sa première découverte. Ils ont par exemple déjà réussi à montrer que des femmes paralysées par une atteinte de la moelle épinière pouvaient encore jouir grâce à une stimulation vaginale ou clitoridienne. "Nous avons identifié un passage qui transmet les informations sensorielles du vagin et du col de l'utérus directement jusqu'au cerveau, sans passer par la moelle épinière !", explique-t-il dans la présentation de son unité. Le nerf vagal permettrait d'obtenir ce "court-circuit" du réseau nerveux habituel. "Cela suggère des possibilités de récupération des fonctions sexuelles après une blessure de la moelle épinière."

Autrement dit, ce n'est pas parce que des chercheurs se focalisent sur l'orgasme qu'ils ne réalisent pas des études dont les résultats pourraient améliorer la vie de personnes en grande souffrance.

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