Loi Veil sur l'IVG : histoire d'une loi emblématique

Simone Veil est décédée ce 30 juin. En 1975, cette femme a eu le courage de proposer une loi qui va non seulement permettre à toutes les femmes d'avoir le choix, mais aussi de sauver la vie de celles qui se retrouvent dans une situation de détresse. Il s'agit de la loi sur l'avortement, l'interruption volontaire de grossesse (IVG). Retour sur l'histoire de la loi qui a levé l'interdiction de l'avortement en France.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Image : ©SIPA  - Vidéo : reportage diffusé le 31 décembre 2007
Image : ©SIPA - Vidéo : reportage diffusé le 31 décembre 2007

En 1975, l'avortement est un acte réprimé par la loi et passible de prison. Quelques années plus tôt, la situation a commencé à évoluer avec la loi de Neuwirth (1967), qui autorise la contraception. Mais cette loi n'a réellement été appliquée que vers 1974. Le problème de l'avortement clandestin n'était pas résolu, et chaque année il était responsable de la mort de plus de 250 femmes.

Le 17 janvier 1975 une date historique pour toutes les femmes de France. La loi qui dépénalise l'avortement est adoptée. Elle est l'œuvre et le combat d'une femme à l'écoute des femmes, la ministre de la Santé de l'époque Simone Veil. Pendant trois jours de débats houleux à l'Assemblée nationale pour défendre son projet de loi, Simone Veil fait face à des attaques personnelles et à des réactions hostiles de tous bords politiques. Même si elle est finalement adoptée, la loi sur l'IVG représente un tabou.

L'avortement est aussi l'aboutissement d'un long combat mené dans la rue dès les années 70. En 1971, 343 femmes dont certaines célébrités reconnaissent avoir déjà avorté. On les appelle les 343 salopes. En 1972, a lieu le procès de Bobigny. Marie-Claire, 17 ans, est jugée pour avoir avorté après un viol. Gisèle Halimi la défend et l'emporte. Le délit d'avortement n'a plus lieu d'être. Trois ans plus tard, la loi sur l'IVG consacre la liberté de choix de la femme.

Pour permettre aux femmes de recourir à l'avortement dans un lieu approprié, des centres d'IVG sont créés en 1979. Lieux d'accueil et d'écoute, ils facilitent leur prise en charge. Malgré ce progrès et une meilleure compréhension de l'opinion, certains mouvements d'opposants comme "Laissez-les vivre" ressurgissent de façon régulière pour exprimer leur désaccord moral. Mais ces manifestations ponctuelles n'inquiètent en rien Simone Veil, sa loi est inscrite dans l'Histoire. La loi est assumée et va même plus loin. En 1982, l'IVG est désormais remboursée par la Sécurité sociale.

En 1975, la loi Veil autorise l'IVG jusqu'à la douzième semaine de grossesse et pour les mineures, il faut une autorisation parentale. Mais face au nombre de femmes qui chaque année partent à l'étranger pour avorter, soit parce qu'elles ont dépassé la date limite soit parce qu'elles sont mineures, la loi a été modifiée en juillet 2001. Le délai pour interrompre sa grossesse est alors prolongé à la quatorzième semaine d'aménorrhée datée de l'arrêt des règles, et l'autorisation parentale pour les mineures n'est plus nécessaire.

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Nous consacrerons notre émission du 3 juillet à la mort de Simone Veil.

Véronique Séhier, co-présidente du planning familial, répondra à vos questions sur le thème : "'IVG est-elle en danger ?"