Donner son rein, et après ?

Le suivi psychologique et médical des donneurs mérite d’être amélioré. C’est l’une des conclusions de l’enquête sur les donneurs vivants de rein menée par l’Agence de la biomédecine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Donner son rein, et après ?

L’objectif de l’étude est de décrire comment est vécu le don, ainsi que ses conséquences et son retentissement sur la vie quotidienne des donneurs. 101 donneurs, majoritairement des femmes (61 %), ont répondu à un questionnaire quant à leur qualité de vie.

Le bilan de l’étude démontre, plus d’un an après le don, que les donneurs se portent généralement bien sur le plan médical. Néanmoins, la fréquence des douleurs et des complications s'avère plus importante en cas de chirurgie ouverte qu’en cas de coeloscopie (chirurgie mini-invasive).

L’état psychologique des donneurs est également passé au crible. Les donneurs hommes se situent environ au niveau de la population générale. Il existe cependant des fluctuations, pour le moment inexpliquées, en fonction de l’âge.

Globalement, les donneurs évaluent leur expérience de façon positive. 98,4 % se disent prêts à recommencer. 94,5 % conseilleraient à un tiers d’être donneur.

Néanmoins, certains regrettent que le suivi post-opératoire des donneurs ne soit pas plus poussé en France. C’est sur cette prise en charge que les chercheurs de l’Agence de la biomédecine émettent certaines réserves. Ils réclament une "amélioration du suivi non seulement médical mais aussi psychologique du donneur", ainsi qu’une "amélioration de l’information de quant aux conséquences potentielles du don sur l’activité quotidienne et professionnelle, notamment pour les travailleurs manuels."

Opter pour le don d’organe engage les donneurs dans un parcours long et complexe. Les complications rencontrées peuvent parfois altèrer les motivations des donneurs.

Ainsi, l’étude démontre que les assureurs ne facilitent pas la tâche des donneurs. L’absence de surprime d’assurance pour les candidats à l’emprunt n’est pas encore généralisée. De plus, la prise en charge, notamment pour les donneurs non salariés, n’est pas optimale. Les délais de remboursement restent longs et les frais indirects sont à la discrétion des établissements. Enfin, en cas de complication, les droits d’indemnisation sont soumis à un seuil d’incapacité.

En France, le prélèvement d’un organe sur un donneur vivant se pratique surtout pour le rein. En 2010, 283 cas ont été recensés.

Depuis la loi de bioéthique du 7 juillet 2011, le donneur peut aussi être un proche du malade, sans lien de parenté, mais en mesure de prouver l'existence d'un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans entre eux.

Une fois la compatibilité biologique - même groupe sanguin, proximité des systèmes HLA (Human Leucocyte Antigens)... -  entre donneur et receveur établie, le processus qui s'engage est lourd. D'une part pour s'assurer que le donneur est en parfaite santé, et d'autre part qu'il est bien libre de son choix et a compris les enjeux de sa démarche.

L'Agence de la biomédecine va lancer à partir d'octobre 2011 un dispositif d'information sur le don du vivant à l'attention des médecins, notamment les néphrologues, qui suivent les patients atteints d'insuffisance rénale chronique, et sont donc "en amont" de la greffe.

En Norvège, les médecins privilégient la transplantation avant l'entrée en dialyse.

Avec AFP et l'Agence de la biomédecine

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