Dette de sommeil = prise de risque

Le sommeil des Français n'est pas aussi réparateur qu'il le devrait. Un actif sur trois ne dort pas assez et souffre d'une privation de sommeil. Jusqu'à provoquer un nombre préoccupant de somnolences au volant.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le
Vidéo - Entretien avec Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste des troubles du sommeil
Vidéo - Entretien avec Dr Sylvie Royant-Parola, psychiatre et spécialiste des troubles du sommeil

Les accidents sont souvent évités, mais semble-t-il, de justesse. Car un actif sur dix avoue s'être déjà endormi au volant. C'est ce qui ressort d'une enquête* réalisée par l'Institut du sommeil et de la vigilance (INSV).

En 15 ans, les conducteurs français ont ainsi perdu l'équivalent d'une nuit de sommeil chaque année. Une dette chronique de sommeil qui a une incidence directe sur leur état d'éveil lorsqu'ils prennent la route. Et le risque de somnolence au volant est plus élevé chez les 18-24 ans puisqu'il concerne 18% des conducteurs de cette tranche d'âge.

En quelques années, la privation de sommeil a pris de l'ampleur. 36% des actifs reconnaissent faire des nuits de moins de 6 heures, un temps de repos très en dessous du temps de sommeil recommandé (8 heures minimum) pour éviter les problèmes de santé.

Car si l'accident de voiture est évité, le corps souffre néanmoins du manque de sommeil. "La recherche nous permet aujourd'hui de constater des incidences sur le poids des personnes qui ne dorment pas suffisamment. De même, le risque de maladies cardiovasculaires augmente chez ces sujets", déclare le docteur Sylvie Royan-Parolla, spécialiste du sommeil et présidente du réseau Morphée.

A l'origine de cette dette de sommeil : des habitudes de vies qui changent. "Les temps de transport pour se rendre sur le lieu de travail sont aujourd"hui plus importants. Les gens partent de plus en plus tôt, que ce soit en ville ou à la campagne", reprend le docteur Sylvie Royan-Parolla. Les Français, y compris des ados, se couchent aussi de plus en plus tard, stimulés par les nouveaux médias.

Or, comme toute dette, il faut un jour la payer. Mais dormir 12 heures par nuit pendant une semaine après des nuits à 5 heures de sommeil maximum ne permet pas de récupérer correctement. Lorsque le manque de sommeil est chronique, les choses sont plus complexes. L'effet yoyo (une semaine en manque, une semaine de rattrapage) ne permet pas au corps de retrouver son équilibre. La solution la plus efficace est de faire la sieste. Une vingtaine de minutes suffit au corps pour se reposer.

Pour ceux dont les patrons n'ont pas encore mis de salle de sieste à disposition dans l'entreprise, l'Institut du sommeil et de la vigilance recommande très sérieusement de profiter des transports en commun pour piquer un petit somme. "En moyenne, ceux qui dorment dans les transports récupèrent 23 minutes de sommeil, ce qui est la durée idéale d"une sieste", commente le Pr Damien Léger, président de l'INSV. 

*Enquête d'opinion INSV/ MGEN "Sommeil et transports"