Ch@t : La prostate

Ch@t du 5 novembre 2009 Avec les réponses du Pr. François Desgrandchamps, chef du service d'urologie à l'hôpital Saint-Louis.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Ch@t : La prostate

Les réponses du Pr. François Desgrandchamps

  • Est-ce que le contrôle du taux de PSA suffit pour dépister un cancer ?

Non. Il faut aussi faire un toucher rectal.

  • Après une prostatectomie, je dois bientôt voir le chirurgien pour les résultats de tout ce qui m’a été retiré. Est-ce que je risque d’avoir une chimiothérapie ?

Non, il n'y a pas de chimiothérapie immédiatement après chirurgie. Le chirurgien peut éventuellement vous proposer une irradiation complémentaire.

  • Quels sont les risques à pratiquer une biopsie de la prostate ?

Le risque est l’infection de la prostate : prostatite aiguë.

Il est fréquent que les patients meurent avec leur cancer et non pas de leur cancer.

  • Le taux de PSA est de 5.4, le score de gleason de 3+3. C’est un micro foyer d’adénocarcinome prostatique bien différencié. A-t-on fait le mauvais choix de la prostatectomie radicale qui va avoir lieu ? Il est en train de faire sa 2ème séance sur 5 de biofeedback et stimulation. Est-ce que cela devrait améliorer les séquelles urinaires ?    

Le cas de votre mari entre dans les critères de surveillance active, il sera toujours temps d'être opéré si l'évolution du PSA le confirme : faire un dosage de PSA tous les 3 mois pendant 9 mois et calculer le temps de doublement du PSA. Si celui-ci est en dessous de 1 an, il faut opérer et sinon on peut éviter l'opération.

  • Homme de 63 ans, doublement du PSA de 1,5 à 3,5 en un an, toucher rectal normal, zone hypoéchogène à l’écho endorectale : faut-il rechercher un cancer et pratiquer des biopsies prostatiques ?

Oui, voir au dessus.

  • L’échographie endorectale prostatique est-elle toujours accompagnée de biopsies (celles ci n’ont pas été prescrites par mon médecin) ?

Non. La biopsie est un geste à part fait le plus souvent par les urologues et rarement par les radiologues.

  • Est-il utile en prévention de faire des cures d’huile de pépins de courge ou similaire ?

Non, le pépin de courge peut avoir un intérêt dans l'adénome mais pas dans le cancer.

  • Si adénome et PSA normal, faut-il prévoir des biopsies de contrôle ? A quel rythme ?

Non.

  • On nous a dit que l’hormonothérapie pouvait être prescrite dans un cancer non métastasé ?

Oui, voir réponses précédentes en cas d'irradiation.

  • Le chirurgien m’a opéré sur le ventre, la cicatrice fait à peu près 15 cm. Est-ce qu’il existait une autre solution pour mon cas ? Il a retiré les ganglions, le nerf érectile et a raccordé l’urètre à la vessie, cela a duré 8 heures.

C'est difficile de répondre sans connaître votre dossier, une cicatrice de 15 cm est un peu grande, il reste que la chirurgie par incision donne de meilleurs résultats que la chirurgie par cœlioscopie (multiples petites incisions).

  • Que veut dire le mot biopsie ?

Biopsie signifie "prendre un petit morceau de".

Tout dépend de l'accès possible à l'urètre, en principe oui.

  • J’ai un adénome de la prostate et un PSA qui fait du yo-yo entre 2,5 et 3,5. Faut-il ou non traiter chirurgicalement l’adénome ?

Si vous n'avez pas de problèmes urinaires, il ne faut pas vous opérer.

Oui, la résection enlève une partie de la prostate, il est toujours possible qu'un cancer se développe sur la partie directe. Après résection de la prostate, il faut 8 semaines de cicatrisation et pendant ces 8 semaines, des petites fuites sont possibles.

Il y a 2 types d'IRM : anatomique, qui décrit le volume de glande et fonctionnelle qui décrit la nature du tissus. Globalement, l'IRM fonctionnelle permet de voir 80 à 90 % des cancers.

  • Un taux de PSA<0.6, après prostatectomie et irradiation, est-il rassurant (sachant, comme vous l’avez dit qu’il doit être indétectable) ou non ?

Si le PSA est bas et stable, c'est rassurant.

Non.

  • C’est quoi un adénocarcinome ?

C'est un cancer développé à partir des glandes. La prostate est une glande, c'est donc un adénocarcinome.

  • Après la résection de l’adénome, l’urologue m’a demandé de ne pas faire d’effort physique. Au bout de quel délai peut-on à nouveau avoir une activité sportive ?

L'effort physique après résection peut éventuellement faire saigner un peu. Si le sport ne vous manque pas trop, vous pouvez attendre 8 semaines. Boire beaucoup d'eau et du repos.

  • Merci pour votre réponse sur l’IRM fonctionnelle, celle-ci est elle plus sûre comme diagnostic que l’échographie endorectale ? Dans ce cas ne vaut-il pas mieux la pratiquer de suite, en lieu et place de l’échographie ? Est-ce un examen lourd ?

Non, l'IRM fonctionnelle trouve sa place seulement si des premières séries de biopsies ont été faites et sont normales car l'IRM ne voit que 80 à 90 % des cancer.

  • Comment sait-on quand on a la prostate ?

Quand on a un adénome de la prostate, on le sait car on le sent. C'est-à-dire qu'on a des problèmes pour uriner. Au contraire, quand on a un cancer de la prostate, on ne sent rien et pour savoir si l'on en a un, il faut faire des examens complémentaires, le dosage dans le sang de PSA (antigène prostatique spécifique) en est la première étape.

Le risque est élevé seulement si le père a eu un cancer jeune, c'est-à-dire avant 70 ans et s'il y a d'autres cancers de la prostate dans la famille. Sinon, le fait que le père ait eu un cancer de façon isolée ne donne pas plus de risques pour son fils.

  • Mon père vient de subir une échographie avec une augmentation des PSA identique mais en plus des calcifications et une petite zone hypoéchogène, que conclure ?

L'échographie n'a pas de valeur, actuellement le seul examen d'imagerie fiable est l'IRM fonctionnelle. Dans votre situation particulière, l'élévation du PSA si elle est confirmée peut faire indiquer directement des biopsies de prostate, la zone hypoéchogène n'est pas spécifique d'un cancer.

  • Peut-on avoir un cancer sans hypertrophie de la prostate ?

Oui.

  • Mon beau-père est décédé d'un cancer de la prostate à l'âge de 59 ans, mon mari a aujourd'hui 43 ans, est-ce qu'il devrait consulter par précaution ? Si oui, quel genre d'examen devrait-il faire? A partir de quel âge devrait-il consulter et à quelle fréquence ?

Pour rassurer votre mari, il serait souhaitable qu'il ait un dosage de PSA qui servira de référence pour plus tard. Par la suite, une consultation annuelle sera utile.

  • Est-il vrai que l'on puisse traiter un cancer de la prostate uniquement en rabotant la zone cancéreuse en question ?

Oui, dans certains cas très particuliers de cancers développés sur la partie la plus centrale de la prostate mais à condition que l'on puisse vérifier qu'il ne reste pas de cancer sur la prostate laissée en place. Il s'agit de cas rares.

 

Les réponses du Pr. François Desgrandchamps (suite)

  • Est-ce que les hommes et les femmes peuvent avoir la prostate ?

Non, la prostate est un organe qui n'existe que chez l'homme.

  • Mon oncle qui a à peine 50 ans doit se faire enlever la prostate et veut savoir quels sont les établissements les mieux pour se faire opérer avec le moins de risque d'incontinence et de problème d'érection pour la suite.

Avant de se faire enlever la prostate, il faut savoir si vraiment il faut se la faire enlever. Pratiquement un homme sur deux a un cancer de la prostate peu ou pas agressif que l'on peut surveiller. Ensuite il faut faire confiance non pas à un établissement mais à un chirurgien en fonction de son expérience et du contact que vous avez eu avec lui. Globalement il ne vaut mieux pas être opéré par cœlioscopie ou avec le robot. Toutes les études dans ce domaine montrent que le risque d'incontinence est moins élevé avec une chirurgie "classique" avec une incision de la peau.

  • A partir de quel âge le dépistage est-il obligatoire s'il y a eu plusieurs cas dans la famille ?

Le dépistage n'est pas obligatoire mais il est conseillé et doit être mis en œuvre s'il y a plusieurs cas dans la famille et à partir de 45 ans.

  • Devant mes résultats mon médecin traitant m'a prescrit une échographie endo-rectale et dans 3 mois un autre dosage de PSA, est-ce la démarche valable ? Est-il urgent à quelques semaines de réaliser l'échographie de la prostate ?

Votre médecin traitant est un bon médecin, son attitude est la bonne, il vaut mieux faire le PSA avant l'échographie car cette dernière peut élever artificiellement le PSA.

  • Comment soigne-t-on de manière générale un cancer de la prostate et quels sont les taux de guérison toujours dans la généralité ?

D'une façon générale, si le cancer doit être traité, cela dépend. S'il s'agit d'un cancer agressif, on le traite en fonction de son extension. S'il s'agit d'un cancer localisé dans la prostate, le traitement est soit la chirurgie (prostatectomie radicale) ou irradiation. Si le cancer n'est plus localisé mais métastasé, le traitement repose sur l'hormonothérapie qui consiste en une castration, chirurgicale ou médicale. Les taux de guérison sont élevés quand le cancer est localisé, malheureusement quand il est métastasé, la guérison ne peut être obtenue mais les survies sont très longues.

  • Quel est le taux de PSA acceptable après ablation de la prostate suite à un cancer ?

Après l'ablation de la prostate, le PSA doit être indosable c'est-à-dire que le résultat doit être inférieur à 0,1mg/ml.

  • Les problèmes urinaires et d'érection sont-ils systématiques après une ablation de la prostate ?

S'il s'agit d'ablation pour cancer, c'est-à-dire l'ablation de la totalité de la prostate, le risque urinaire est l'incontinence et c'est moins de 10 % des cas. Les hommes les plus exposés à cette incontinence sont les hommes les plus âgés et ceux qui ont déjà une opération de la prostate (résection pour adénome). Pour la sexualité, le risque d'impuissance lorsqu'on peut garder les nerfs et donc l'érection est de 30 %, les hommes les plus exposés à l'impuissance sont les hommes les plus âgés et les moins motivés pour le sexe.

  • Que faut-il penser de l'usage des anti-oxydants contenus dans le jus de grenade ou parait-il la pulpe de baobab dans la réduction du taux de PSA ? Où en est-on de l'utilisation de la sarcosine dans le dépistage du cancer de la prostate ?

Il y a des publications sérieuses sur le jus de grenade mais à ma connaissance rien de vérifié pour le baobab, la sarcosine ne sert pas au dépistage du cancer mais on pourrait dans l'avenir savoir si un cancer est agressif ou pas. Il ne s'agit pour l'instant que de données préliminaires de recherches.

  • Quelles sont les conséquences d'une prostatectomie ?

Si il s'agit d'une prostatectomie radicale, sans séquelle urinaire ou sexuelle, les conséquences sont l'absence d'éjaculation lors de l'orgasme sinon voir précédemment.

  • Après un traitement hormonal en continu, est-ce que l'on évolue nécessairement vers la chimiothérapie ?

Généralement, le cancer de la prostate reste sensible au traitement hormonal pour 2 ans en moyenne, au delà on parle d'échappement hormonal et c'est là que l'on peut envisager une chimiothérapie.

Oui, on définit l'échec d'une radiothérapie lorsque le PSA s'élève à 2 nano grammes au dessus du taux de PSA le plus bas atteint au cours du traitement

  • J'ai un doublement du PSA de 1.5 à 3.5 en 1 an et toucher rectal normal chez un homme de 63 ans avec lever nocturne (1 à 2 fois par nuit) et sensation de miction intérieure depuis plus de 10 ans (la nuit seulement), ce diagnostic doit-il conduire à faire pratiquer des biopsies prostatiques à ce stade ? Zone hypoéchogène avec hyper vascularisation à l'échographie endo-prostatique.

Oui, il faut faire des biopsies.

  • Vous avez dit que l'échographie n'a pas de valeur et que l'IRM vaut mieux. Est-il raisonnable d'attendre 2 mois, faire le dosage du PSA puis autre examen (IRM) ?

Oui, c'est raisonnable. Dans ce cas particulier, il vaut mieux être sûr du résultat du dosage de PSA avant de faire d'autres examens, l'échographie a moins de valeur que l'IRM.

  • On vient de détecter un cancer chez mon mari de 67 ans. Un prélèvement positif sur 19. Nous avions songé à l'ablatherm HIFU puis à la curiethérapie mais après de nombreux conseils, on nous les a contre-indiqué car ils laissaient la prostate en place et avec des fibroses. A tout moment un nouveau cancer pourrait se reformer où des séquelles de brûlure seraient plus invalidantes que la chirurgie. On lui fait bientôt une prostatectomie. Est-ce le bon choix ?

Tout dépend de la nature du prélèvement positif et de ce qu'on appelle le score de GLEASONE, en effet si le GLEASONE est de 7 ou au delà il ne faut faire ni HIFU ni curiethérapie. Si le PSA est bas, on peut envisager de ne rien faire du tout car il s'agit alors d'un cancer peu actif.

  • Un traitement hormonal est-il toujours le signe d'un cancer métastasé ?

Non pas toujours, le traitement hormonal temporaire de 3 ans ou moins peut accompagner une irradiation.

  • Que veut dire une PSA à 2.59 ?

Cela signifie qu'il reste quelque part des cellules prostatiques qui sécrètent du PSA.

Il y en a aucun sauf quand le cancer est métastasé ou localement avancé, il s'agit alors soit de douleurs osseuses soit de douleurs en urinant ou de sang dans les urines.

  • A quel moment prend-on la décision de pratiquer une résection pour adénome ?

Il faut opérer un adénome dans deux circonstances, soit il y a des complications : calcul de vessie, rétention répétée, infection ou rétention chronique, soit lorsque le traitement médical ne marche plus.

  • Comment supprimer les fuites urinaires nocturnes suite à une radiothérapie de la prostate ?

Il existe des médicaments qui diminuent les contractions urinaires, vous pouvez demander à votre médecin sinon il faut réduire les boissons le soir.

  • Je viens de subir une prostatectomie, j'avais un cancer stade 6 et pour l'instant, je suis une kinésithérapie avec une sonde pour l'incontinence, est-ce que ce procédé va me permettre de ne plus avoir de fuites ?

Lorsqu'il y a une fuite après une prostatectomie, les fuites disparaissent en 3 à 6 mois.

  • L'opération de la prostate est-elle douloureuse ? Quels antidouleurs ?

Comme toute opération, elle peut être douloureuse, c'est la raison pour laquelle un traitement à base de morphine est donné systématiquement.

  • J'ai subi l'ablation de la prostate depuis un an et demi à l'âge de 58 ans et demi à cause d'un cancer. Quand pourrais-je récupérer une érection naturelle ?

Il est rare que les érections reviennent après un an, mais c'est toujours envisageable, demandez à votre chirurgien s'il a pu conserver les nerfs de l'érection.

La seule méthode pour dépister le cancer est une biopsie de la prostate. Si vous pensez au toucher rectal, les généralistes savent également le faire.

  • L'absence d'éjaculation que vous évoquez, chez les patients que vous suivez, est-elle difficile à accepter ou ne pose-t-elle aucun problème psychologique ?

L'éjaculation est supprimée mais pas l'orgasme, ce qui explique pourquoi il y a peu de plaintes de la part des patients.

  • En 1999, j'ai subi une ablation totale de la prostate suivi d'une radiothérapie. Il n'y avait pas de métastases. Depuis un taux de PSA à 0, puis-je me considérer hors de danger d'une rechute ?

Oui !

  • Quelles sont les habitudes (alimentaires ou sexuelles ou autres) à suivre pour minimiser le risque d'attraper un cancer de la prostate ?

Globalement il faut diminuer les graisses saturées, le calcium et augmenter les poissons gras, les fruits et légumes en particulier les tomates. Sexuellement, il y a peu de preuves mais il semble que plus on éjacule et moins on a de cancer, le seuil étant à plus que 20 éjaculations par mois.

  • Ces sécrétions de cellules prostatiques (2.59) sont-elles forcément cancéreuses ? Faut-il continuer par des hormones ?

Vraisemblablement oui, on peut envisager un traitement hormonal mais en discontinu, c'est-à-dire de faire le traitement que si le PSA monte trop.

  • Un cancer peu actif peut-il devenir agressif ? Se transforme-t-il inévitablement en cancer agressif ?

Cancer peu actif et agressif peuvent coexister, c'est la raison pour laquelle dans le cadre d'une surveillance simple d'un cancer peu actif, il faut régulièrement faire des biopsies pour être sûr qu'il n'y ait pas un cancer agressif associé.

  • A quel moment commence-t-on un traitement médical pour un adénome ?

Il faut commencer un traitement lorsque l'on a des signes urinaires.

Pour en savoir plus

Sur Allodocteurs.fr :

Livre :

  • Une affaire d'hommes
    "L'adénome de la prostate"
    Pr. François Desgrandchamps, Fonteneau-Ricci-Simonacci
    Ed. Narratives, 2009