Automutilation : quelles conséquences à l'âge adulte ?

Entailles, coupures, brûlures... 13 à 18% des jeunes Anglais s'automutilent. Des adolescents en souffrance, qui présentent un plus grand risque de développer par la suite des dépressions, des troubles anxieux, ou encore des addictions, selon une étude menée par l'université d'Oxford.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Automutilation : quelles conséquences à l'âge adulte ?

L'automutilation, expression du mal-être adolescent, cache bien souvent des blessures profondes. Mais elle laisse aussi des traces à l'âge adulte. C'est ce qu'a montré pour la première fois une étude anglaise menée à l'université d'Oxford. Pour cela, près de 5.000 adolescents anglais ont été suivis de 16 à 21 ans.

Parmi eux, 19% avait déclaré s'être automutilés à 16 ans. Pour évaluer les conséquences de ces blessures, les chercheurs ont mesuré trois critères : la santé mentale (dépression et troubles anxieux), l'abus de produits (alcool, tabac, cannabis) et le devenir social (niveau d'étude, niveau social). Ces données étaient récoltées à 18, 19 et 21 ans.

Deux à quatre fois plus de risque d'être dépressif

Comparés aux autres adolescents, ceux qui se mutilaient devenaient deux fois plus dépressifs à 18 ans. Et ce risque est multiplié par quatre pour ceux qui se blessaient avec l'intention de se donner la mort. Au total, 40% des adolescents suivis avaient connu un épisode dépressif à 18 ans.

Dans ce même échantillon de jeunes adultes en souffrance, 35% connaissent des problèmes de consommation abusive d'alcool, de tabac ou de drogues. Au final, seuls 28% des adolescents qui s'automutilaient attestaient d'une bonne situation psychologique et sociale à 21 ans (contre 59% pour les autres).

Un appel à l'aide

Se scarifier au plus jeune âge est donc un réel signe d'alerte, même si la fréquence de ces mutilations est divisée par deux entre 16 et 29 ans. Selon les auteurs, cette étude devrait éveiller les professionnels de santé et les parents, et permettre de les sensibiliser à la gravité de ces actes. En Angleterre, seuls 8% des adolescents ont consulté un médecin après s'être mutilé.

La prévention est pourtant indispensable pour éviter les risques de suicide. En France, le suicide est la deuxième cause de mortalité chez les 15-25 ans en France (1).

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(1) Source : Insee, 2011.
Source : Clinical and social outcomes of adolescent self harm: population based birth cohort study, Mars. B, BMJ octobre 2014. doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g5954