Amiante : 13.000 ex-écoliers d'Aulnay-sous-Bois recherchés

Près de 13.000 anciens écoliers d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), scolarisés entre 1938 et 1975 près d'une usine de broyage d'amiante, vont être contactés par les autorités sanitaires, a indiqué ce 23 novembre une association de défense des victimes.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Le Comptoir des minéraux et des matières premières (CMMP) d'Aulnay-sous-Bois a exploité un atelier de broyage de minerais, parmi lesquels du minérai d'amiante, à partir de 1938. Les activités de broyage de l'amiante ont cessé en 1975 sur le site, qui a été fermé définitivement en 1991.

En 2006, une étude avait établi un lien entre l'activité de l'usine et des cas de maladies chez des anciens écoliers

"Si les travailleurs du CMMP ont été largement exposés à l'amiante au cours de leur activité professionnelle, les riverains de l'usine l'ont également été du fait des poussières d'amiante émises par le CMMP dans l'atmosphère", souligne l'ARS d'Ile-de-France sur son site internet. 

Avis de recherche

Un courrier de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France, dont l'Agence France Presse a obtenu copie, invite les anciens pensionnaires de trois écoles proches de l'usine "à consulter leur médecin [pour] établir un diagnostic" et éventuellement contacter une "cellule d'information dédiée" par téléphone ou par internet. 

Les envois à destination de ces écoliers, identifiés à partir des registres des écoles, ont débuté depuis la rentrée et vont se poursuivre jusqu'à la fin de l'année, a expliqué à l'AFP Alain Bobbio, président de l'association Addeva 93 et membre du comité de pilotage chargé de favoriser "la recherche et le suivi des personnes ayant vécu près de l'usine". 

Cette campagne était une "demande des associations", a précisé Alain Bobbio, tout en pointant de "profonds désaccords" avec les autorités sur la façon dont elle est mise en œuvre. Quatre associations de défense des victimes et des riverains ont écrit à l'ARS en octobre pour contester "la destruction programmée des fichiers" d'anciens élèves. Cette destruction est "contradictoire avec la notion même de suivi médical dans la durée des personnes exposées", estiment-elles. 

Les associations regrettent aussi "la sous-traitance de l'accueil téléphonique à une jeune société sans compétence particulière sur l'amiante" et les indicateurs retenus par l'ARS qui ne seraient pas suffisants, selon elles, pour évaluer "les pathologies repérées et l'accès effectif des victimes et les familles de victimes décédées à la réparation de leurs préjudices".

Selon Le Parisien, qui a révélé l'information, l'opération nationale est financée par l'ARS d'Ile-de-France à hauteur de 200.000 euros. 

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Les fibres d'amiante, fines et très légères, sont capables de pénétrer profondément dans l'organisme, principalement dans le système respiratoire. De faibles expositions suffisent à rendre le terrain propice au développement de graves maladies, telles que des asbestoses (rigidifient des tissus pulmonaires en réaction à l'inflammation, empêchant les échanges gazeux) ou des plaques pleurales.

Les études épidémiologiques démontrent que l'exposition à l'amiante multiplie par cinq le risque d'avoir un cancer (cancer broncho-pulmonaire, cancer de la plèvre, également appelé mésothéliome...). La consommation de tabac corrélée à l'exposition à l'amiante multiplie par 50 le risque de survenue d'un cancer.

Ces maladies se développent lentement, les symptômes pouvant se déclarer 20 à 40 ans après le début de l'exposition. En effet, "les fibres d'amiante ne résorbent jamais", nous explique le professeur Françoise Galateau-Sallé. "Elles vont entraîner la libération de radicaux libres au fil du temps, qui vont créer de multiples altérations biologiques, de façon progressive."