Dignité des personnes en fin de vie : une association "accuse"

L’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) lance ce 2 novembre une campagne dans laquelle elle accuse "la France de laisser mourir de faim et de soif les personnes en fin de vie". Une campagne qui suscite la colère de responsables de soins palliatifs.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le

Sur une affiche s’inspirant du fameux "J’accuse" rédigé par Émile Zola au cours de l'affaire Dreyfus, l'ADMD entend dénoncer la loi du 2 février 2016 sur la fin de vie qui, selon elle, "n’ouvre aucun droit supplémentaire" pour les patients.

Cette loi autorise "une sédation profonde et continue jusqu’au décès", alors que l’association escomptait, sur la foi d’engagements de François Hollande, "un droit à une assistance médicalisée pour finir sa vie dans la dignité".

Invité du Magazine de la santé ce 2 novembre, le Dr Jean-Marie Gomas, responsable des soins palliatifs à l’hôpital Sainte-Perrine, ne cache pas sa colère à l’égard de la nouvelle campagne de l’ADMD. "On n’empêche jamais les gens de boire et de manger s’ils ont envie de manger. [Il faut cependant savoir que quand] vous êtes très malade, [boire et manger] n’est vraiment pas votre préoccupation. Et si ça l’est, je ne connais pas d’équipe soignante qui refuserait à boire et à manger à un patient."

Dans certains cas très précis, on arrête d’alimenter les patients ou interrompt l’hydratation afin de ne pas "encombrer" la vessie des patients, précise pudiquement le médecin. "Ce sont des stratégies graduées, sur lesquelles on a beaucoup travaillé : le premier patient que j’ai sédaté ainsi, c’était il y a 25 ans", explique le Dr Gomas. "On fait très attention à respecter le confort du patient."

Le médecin reconnaît toutefois que "beaucoup de patients ont des fins de vie difficiles, […] qu’il y a des services où ça n’est pas encore optimal, et […] que tous les médecins ne sont pas encore suffisamment assez formés". Mais il récuse ce qu’il juge être "un raccourci" de la part de l’ADMD, et juge la campagne prompte "à angoisser les patients" en fin de vie.