L'art de panser les plaies

Le pansement est le premier remède contre les petits et gros bobos. Aujourd'hui, il en existe pour toutes les plaies, sur toutes les parties du corps... comme des secondes peaux.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
L'art de panser les plaies

Le pansement, toute une histoire

Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé reviennent sur l'histoire du pansement
Marina Carrère d'Encausse et Régis Boxelé reviennent sur l'histoire du pansement

Les pansements d'aujourd'hui n'ont rien à voir avec les premières compresses de notre histoire. En 1600 avant Jésus-Christ, en Egypte, on applique de la viande fraîche, du miel, du vin ou encore de l'huile. À la Renaissance, on a recours à l'huile de rose et au jaune d'oeuf. Et au XIXe siècle, on utilise notamment des toiles de lin ou de coton imbibées de vin ou de vinaigre. Ce n'est qu'en 1860 que Louis Pasteur préconise l'utilisation de compresses stérilisées.

Les pansements ne font pas que protéger une plaie. Ils participent aussi à sa cicatrisation en maintenant une certaine humidité. Les travaux d'un chercheur britannique, George Winter, en 1962, ont en effet montré qu'un micro-climat humide favorisait la cicatrisation. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il favorise le renouvellement cellulaire.

Inversement, à l'air libre, la croûte se forme très vite et empêche les tissus de se régénérer correctement. Il en résulte alors une cicatrisation douloureuse, lente et un fort risque d'en conserver une trace indélébile sur la peau. Mais attention, tout cela ne fonctionne que si l'humidité est bien régulée. Car le pansement est un art.

Des pansements adaptés à la plaie

Le Pr Sylvie Meaume est chef du service "Plaies et cicatrisation" de l'hôpital Rothschild à Paris. Depuis plus de trente ans, elle utilise des pansements qui n'ont eu de cesse de se moderniser. Les fabricants de pansements rivalisent en effet d'ingéniosité pour développer des solutions modernes toujours plus adaptées aux patients et aux plaies.

Preuve de cette sophistication accrue, le premier pansement humide dans les années 70 était le tulle gras. Il s'agit d'une sorte de tricot en fibre naturelle, associé à de la vaseline. Un pansement gras et humide, idéal pour la cicatrisation. Problème, en retirant ce pansement, on arrachait aussi une partie des tissus fraîchement régénérés.

Les fabricants ont alors inventé des matières élastiques, à base de polymères, qui sont au toucher comme une seconde peau. Ils peuvent rester en place plusieurs jours et ne provoquent aucune douleur au retrait. Ils sont capables d'absorber des exsudats, ces déchets tissulaires, en grande quantité. Certains sont à base de gels. Quand vous versez de l'eau, le tissu se transforme en une sorte de gel. Cela permet de maintenir l'humidité, mais aussi de booster la régénération des tissus.

Les pansements de demain

Le pansement fait aujourd'hui l'objet de nombreuses recherches. Dans des laboratoires français à la pointe de la technologie, on élabore en effet les pansements de demain. Des pansements capables de traiter et soigner les plaies.

À l'avenir, le défi est de faire en sorte que le pansement intelligent soit imprégné d'une substance capable d'accélérer le processus de cicatrisation. Il existe également des recherches visant à fabriquer des peaux artificielles, qui ouvrent cette fois d'immenses perspectives en matière de pansements biologiques. Il est donc loin le temps du pansement à base de viande fraîche et de vin.