Soigner le syndrome du canal carpien

Des fourmillements, des engourdissements puis des douleurs handicapantes... Le syndrome du canal carpien est dû à la compression d'un nerf du poignet. Quand doit-on opérer ? Comment se passe l'intervention ? Certaines professions prédisposent-elles à la maladie ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Soigner le syndrome du canal carpien

Qu'est-ce que le syndrome du canal carpien ?

Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent le syndrome du canal carpien
Marina Carrère d'Encausse et Philippe Charlier expliquent le syndrome du canal carpien

Le syndrome du canal carpien commence le plus souvent par des fourmis dans les 3 ou 4 premiers doigts, un engourdissement, une raideur. Puis, surviennent les douleurs qui vous réveillent en pleine nuit. La poigne se fait moins forte. La main n'arrive plus à effectuer les tâches du quotidien. Le syndrome du canal carpien est une atteinte fonctionnelle de la main très fréquente, qui peut se révéler très douloureuse et invalidante.

Le canal carpien est un petit passage au niveau du poignet par lequel passe le nerf médian et des tendons. Ces tendons sont dits fléchisseurs car ils permettent le mouvement des doigts. Le nerf médian est le nerf sensitivo-moteur qui permet la flexion et la pronation de la main. Il rend aussi possible la pince pouce-index.

En cas de syndrome du canal carpien, le nerf médian est étranglé et bloqué par le ligament annulaire du carpe. Cela provoque ainsi des fourmillements, des engourdissements et même des douleurs.

Ce syndrome est très fréquent après 50 ans, surtout si vous avez pratiqué longtemps une activité manuelle de force, minutieuse ou encore répétitive entraînant un trouble musculo-squelettique. Le syndrome du canal carpien est d'ailleurs reconnu comme maladie professionnelle. Les femmes sont beaucoup plus touchées que les hommes. Il faut y chercher une cause hormonale (voir dernier paragraphe).

Le diagnostic est confirmé par un électromyogramme, une radio du poignet et une échographie.

Une opération sous anesthésie locale

Lorsque les symptômes sont légers ou s'ils sont temporaires, des anti-inflammatoires ou un antalgique, du repos et parfois le port d'une attelle notamment la nuit, suffisent quelques temps. Des infiltrations de corticoïdes apportent aussi un soulagement à court terme. Le but des infiltrations est de dégonfler la zone du canal carpien mais le plus souvent, l'effet obtenu n'est que temporaire et les symptômes réapparaissent après deux ou trois mois.

Mais si les signes sont plus gênants, qu'ils sont permanents ou présents depuis un an, l'opération s'impose pour faire baisser définitivement la pression dans le canal carpien et libérer le nerf médian via une section du ligament.

Il existe trois types d'interventions chirurgicales. La première, dite classique et de moins en moins pratiquée, consiste à ouvrir la paume de la main avec une incision d'environ trois centimètres pour sectionner le ligament. La deuxième intervention se fait sous endoscopie. À l'aide d'une petite caméra, le chirurgien sectionne le ligament via l'endoscope sans ouvrir la main, en faisant juste une petite incision d'un centimètre au niveau du poignet. Une technique moins invasive qui permet au patient de reprendre une activité plus rapidement.


Chirurgie endoscopique du canal carpien

Il existe aussi une troisième intervention, très récente et encore très peu utilisée en France. Il s'agit de l'opération sous échographie. Ce n'est pas un chirurgien de la main qui réalise ce geste mais un radiologue interventionnel. Pour le moment, des études ont montré une très bonne efficacité de cette technique sous échographie. À court terme, dans les mois qui suivent l'intervention, les résultats sont similaires aux autres techniques. D'autres travaux sont en cours pour l'évaluer sur le long terme.

Après une intervention du canal carpien, les douleurs et troubles sensitifs disparaissent progressivement en quelques semaines. la paume de la main reste sensible à la pression durant 3 à 6 mois.

Chaque année, en France, près de 150.000 opérations sont pratiquées. Le syndrome du canal carpien est plus fréquent chez les femmes que chez les hommes et apparaît à partir de l'âge de 40 ans. Les personnes diabétiques sont aussi plus touchées.

Une maladie professionnelle reconnue

Très souvent, le syndrome du canal carpien est lié à l'activité professionnelle. Les personnes les plus fréquemment touchées ont été soumises à des mouvements répétitifs de la main, des vibrations ou une pression sur la paume, le risque augmente dès lors que le ligament se durcit.

Certaines professions prédisposent donc au syndrome du canal carpien : les caissiers, les agriculteurs et les mécaniciens sont plus touchés, tout comme l'ensemble des professions manuelles. Il s'agit d'ailleurs une maladie professionnelle reconnue.

Les autres causes du syndrome du canal carpien

Certaines maladies peuvent aussi favoriser l'apparition du syndrome du canal carpien, comme l'arthrite, le diabète et la goutte. La grossesse, la ménopause et la prise d'une pilule contraceptive sont aussi des facteurs de risque, parce que les hormones modifient l'élasticité des tendons, qui grossissent et compriment le nerf. C'est ce qui explique que ce syndrome touche deux femmes pour un homme. Tout comme certaines affections ostéo-articulaires, comme la goutte ou la polyarthrite rhumatoïde.

Le syndrome du canal carpien peut récidiver, mais cela est assez rare. Dans la plupart des cas, le patient est guéri après l'opération. Si ce n'est pas le cas, cela signifie que le nerf médian n'a pas été totalement libéré. Alors après une nouvelle consultation, de nouveaux examens, IRM et électromyogramme, il faut parfois réopérer.