Une Canadienne survit six jours sans poumons !

Les médecins ont pris le risque de retirer les poumons d’une mère de famille de 33 ans, atteinte de mucoviscidose, pour lui sauver la vie. Cet exploit médical lui a permis d'être greffée avec succès.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Une Canadienne survit six jours sans poumons !
Image diffusée sur le compte Twitter de l'University Health Network (UHN)

En avril dernier, Melissa Benoit, atteinte de mucoviscidose, arrive à l’hôpital général de Toronto avec une sévère infection pulmonaire. Son état de santé se détériore rapidement. Les antibiotiques n’ont aucun effet. L’infection s’étend à tout son corps et provoque un choc septique. Ses poumons se remplissaient alors de sang et de mucus, de moins en moins d’air passait.

"Elle était entrée dans une spirale où ses poumons ne guériraient pas. Son seul espoir de guérison était une transplantation", explique le docteur Niall Ferguson, membre de l’autorité sanitaire responsable de l’hôpital de Toronto, lors d’une conférence de presse mercredi 25 janvier.

Seulement, son état ne permet pas une opération aussi lourde. Les médecins choisissent donc d’éliminer la source de l’infection, à savoir ses poumons. Ils procèdent à l’ablation de l’appareil respiratoire. Une première mondiale, selon ces spécialistes. "C’était une discussion difficile, parce que quand vous parlez de quelque chose qui, à notre connaissance, n’a jamais été fait avant, il y a beaucoup d’inconnu", poursuit Dr Niall Ferguson. "Ce qui nous a aidés (à prendre cette décision), c’est qu’il ne lui restait plus que quelques heures à vivre", se souvient Dr Shaf Keshavjee, directeur du programme de transplantation de poumon à l’hôpital général de Toronto.


Vidéo relayée sur la page Facebook de l'University Health Network

"Un record mondial"

La famille de Melissa sait cette opération risquée. Son mari, Chris, donne son accord, en pensant à leur fille de 3 ans, Olivia.

Treize personnes se relaient pour cette ablation. L’opération dure  quasiment 9 heures. Les chirurgiens peinent à extraire les poumons de la cage thoracique. La raison ? Ils sont durs, comme des ballons de football. Les docteurs ont publié le récit de cette opération dans The journal of thoracic and cardiovascular surgery.

"Pour la toute première fois, nous avions une patiente sans poumon dans notre unité de soins intensifs", s’émouvait encore Dr Keshavjee, mercredi 25 janvier. Une fois les poumons retirés, Melissa Benoit vit à l’aide de poumons, d’un cœur et de reins artificiels. Très vite, son état s’améliore. Elle reste dépendante de ces machines pendant 6 jours, un "record mondial", selon ses médecins.

Finalement elle reçoit les poumons d’un donneur compatible. Melissa Benoit se réveille, sans avoir conscience des quelques jours extraordinaires qu’elle vient de passer. Quand son mari et sa mère lui racontent, elle refuse d’y croire. "Vous m’avez ramenée de la mort, ou presque, à la vie à la maison. Je suis très reconnaissante, et très heureuse d’être chez moi", a déclaré la mère de famille de 33 ans lors de la conférence de presse mercredi 25 janvier.

Aujourd’hui, Melissa Benoit marche sans canne. Elle a dû réapprendre à tenir sa tête droite, à s’asseoir, à se mettre debout, à marcher. Ses muscles s’étaient paralysés parce qu’ils étaient restés quelques temps sans servir.

Lors de cette conférence de presse, elle a tenu à remercier son donneur et sa famille. Elle a rappelé l’importance de ces dons.