Bouées de cou : attention danger !

Les photos de bébés suspendus dans l’eau par le cou se multiplient sur les réseaux sociaux. Mais les pédiatres déconseillent d’utiliser ces accessoires, aussi dangereux que les bouées classiques et peu confortables pour l’enfant.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Les bouées de cou sont censées laisser les enfants libres de leurs mouvements.
Les bouées de cou sont censées laisser les enfants libres de leurs mouvements.  —  Crédit : Instagram ; ludibloom_ec  

Les jeunes parents font désormais partie d’une génération qui considère les réseaux sociaux comme une évidence, et il n’hésitent pas à poster des photos, toutes plus mignonnes les unes que les autres, de leurs enfants. Récemment, des clichés de bébés se baignant grâce à une "bouée de cou" ont envahi Instagram, notamment sous le mot-clé #babyneckfloats (que l'on peut traduire par "bouée de cou pour bébé").

Adorables ou ridicules, ces photos révèlent surtout une pratique dangereuse, dont s’inquiètent les médecins. Interrogé par des médias américains mi-août, un pédiatre de Chicago, Kyran Quinlan, qualifiaient les bouées de cou de "pièges mortels potentiels". "Ces objets me font extrêmement peur et j’espère qu’ils effraient également les parents", ajoutait-il.

L’Association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) soulignait en 2016, avant l'apparition des bouées de cou, que la bouée "classique" était le "moins sécuritaire" des "systèmes de flottaison". La présidente de l’AFPA, le Dr Sylvie Hubinois, pointe notamment le "risque que la bouée se dégonfle" et coule l’enfant, ainsi que le "risque de bascule" qui coince l’enfant la tête en bas.

La baignade des plus jeunes doit se faire avec les parents

"Ces nouvelles bouées sont visiblement réservées aux plus petits, précise le Dr Hubinois. Or, pour moi, on ne lâche pas un tout petit pendant la baignade. Il doit se baigner avec ses parents". Pour sa sécurité, et parce qu’il "prend du plaisir à être avec eux". Citée par des médias américains, Kaylë Burghma, présidente de l’Association des professeurs de natation outre-Atlantique, abonde dans ce sens : "Cela va complètement à l’encontre de l’essence même de la natation pour bébé, fondée sur le contact humain."

La liberté des membres inférieurs et supérieurs promise par les fabricants de ces bouées n’est qu’une illusion selon le Dr Hubinois. "La vraie liberté c’est de pouvoir nager, se baigner, tout en étant tenus par les parents", affirme-t-elle, comparant les bouées enserrant le cou des enfants à "des instruments de torture".

Des systèmes de flottaison sûrs existent

L’AFPA conseille aux parents d’éviter d’équiper leur progéniture avec des bouées ou des brassards gonflables. Elle recommande plutôt d’utiliser des "maillots flotteurs ou des bouées de type puddle jumper", pour lesquels il n’existe pas de risque de crevaison.

Pour l’instant, les bouées de cou ne sont pas présentes dans les magasins français, même s’il est possible d’en acheter pour de modiques sommes sur internet. Elles restent plutôt l’apanage du marché asiatique selon l’entreprise Nabaiji, partenaire de Decathlon pour les accessoires de baignade. La marque, contactée par Allodocteurs.fr, n’en développe pas encore, mais pourrait être amenée à le faire "en commençant par ce marché asiatique" puis en les proposant sur les marchés occidentaux, si "ces derniers sont prêts culturellement à l’utilisation de ce type de produits". Les fabricants français devraient de toute façon respecter les normes européennes, imposant notamment une résistance suffisante et une bonne flottaison. De quoi limiter le risque de crevaison, même si le meilleur moyen de l’éviter reste de proscrire les bouées pour bébés.