Si tu vas à Rio, ne mets pas la tête sous l'eau

Une enquête révèle que les eaux de Rio, où s'ouvriront les Jeux Olympiques dans quelques jours, sont polluées dans des proportions qui menacent la santé des athlètes et des baigneurs. La faute à une absence de traitement des eaux usées.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Si tu vas à Rio, ne mets pas la tête sous l'eau - Crédit photo : Rodrigo_Soldon via Visualhunt / CC BY-ND
Si tu vas à Rio, ne mets pas la tête sous l'eau - Crédit photo : Rodrigo_Soldon via Visualhunt / CC BY-ND

Rio, son soleil, ses belles plages, son sable fin... et ses eaux infestées de bactéries et de virus. D'après une étude commandée par l'agence américaine Associated Press, les taux de contamination de l'eau y atteignent de tels niveaux que trois cuillères à café de cette eau peuvent suffire à terrasser le malheureux qui aura la malchance de boire la tasse. 

1,9 million fois trop de virus

Les eaux de Rio contiennent des niveaux de contamination virale 1,9 million de fois plus élevés que les taux considérés comme préoccupant aux États-Unis ou en Europe. Le rotavirus, principal responsable de la gastro-entérite à l'échelle mondiale, a, par exemple, été détecté à des taux de 7,22 millions par litre dans les eaux de Copacabana. Les eaux de la plage d'Ipanema, elle, contenaient 32,7 millions de rotavirus par litre.

L’étude a également révélé des pics alarmants dans les taux de coliformes fécaux. Ces bactéries, qui ne sont pas dangereuses en tant que telles, sont des indicateurs de la présence potentielle d'autres agents pathogènes des eaux usées qui peuvent causer le choléra, la dysenterie, l'hépatite A et la typhoïde, entre autres maladies.

Maladie respiratoires, inflammation du cerveau

Dans ces conditions, pour les nageurs et les athlètes olympiques et paralympiques, une ingestion d’eau est synonyme, quasiment à coup sûr, de maladies respiratoires ou digestives. Et, plus rarement, d’inflammation du cœur et du cerveau. Même si, bien sûr, la gravité de l'infection dépend d'une série de facteurs, notamment la réactivité du système immunitaire de l'individu.

Depuis que l'AP a publié ses résultats, les athlètes ont pris des précautions pour prévenir les maladies, y compris en prenant préventivement des antibiotiques (qui ne sont toutefois d'aucune utilité contre les virus), et en enfilant des costumes et des gants en plastique dans le but de limiter les contacts avec le eau.

Les dangers de cette eau douteuse ne concernent pas que les athlètes, mais aussi les quelques 500.000 touristes qui vont affluer dans la capitale brésilienne. Valerie Harwood, directrice du secteur biologie de l'université de Floride se montre pragmatique : "Ne mettez pas votre tête sous l'eau", conseille-t-elle.

Pour les touristes, bronzer sur la plage est à peine plus sûr. Les échantillons prélevés sur les plages de Copacabana et d'Ipanema ont montré des niveaux élevés d'adénovirus, susceptibles de poser un risque pour la santé, en particulier pour les bébés et les petits enfants.

Des eaux usées déversées directement dans la baie

La source de cette pollution n'est pas mystérieuse : elle est due à un déversement des eaux usées directement dans la baie de Rio. Malgré un projet visant à empêcher cet écoulement, les eaux restent toujours aussi contaminées.

Les autorités locales, y compris le maire de Rio, Eduardo Paes, ont reconnu l'échec des efforts de nettoyage de l'eau de la ville, le qualifiant de "honte". Les responsables olympiques, eux, continuent de soutenir que les voies navigables de Rio seront sans danger pour les athlètes et les visiteurs.